Sommaire Bilan de la surveillance 2007 2 Suivi 2007 2 Synthèse pluriannuelle 2 Observation / Conservation 3 Migration en PACA 3 Suivi par balise Argos 4 Nidification aux portes de Marseille 6 Observations en limite d’aire 7 Situation en Loir-et-Cher 7 Les échecs de reproduction 9 12 ans de suivi dans l’Hérault 10 15 ans de suivi dans les Cévennes 11 Preuve en photos de la longévité 13 Découvertes récentes 13 Menaces 14 Tirs, électrocution et collisions 14 Sensibilisation 15 Surprises photographiques 15 Rapaces de France 15 2nd rencontres Circaètes 16 Rendez-vous ornithologiques 16 Approche artistique 16 n° 6 Septembre 2008 Edito Question de sensibilité Pour beaucoup d’entre nous, un rapace est bien plus qu’une machine volante. C’est d’abord un oiseau élégant d’une absolue beauté. C’est un être qui respire, qui mange, communique, se déplace, souffre, se reproduit, interagit, a peur, bref, un être somme toute pas si éloigné de nous. A bien l’observer, on est émerveillé par la subtilité des stratégies qu’il déploie pour continuer à vivre dans son milieu. S’il est quasi impossible à l’observateur qui prend la peine de le regarder tout simplement, de ne pas développer une certaine forme d’empathie (pardon Monsieur Lorenz !), celui-ci peut malgré tout conserver une certaine distance vis à vis de son sujet d’observation, une certaine objectivité et développer ainsi un discours que l’on peut qualifier de scientifique. Pour certains cependant, l’oiseau ne devient jamais un intime. Ce n’est jamais le petit-mâle-nerveuxdu-vallon-rocheux ou encore la femelle-sombre-nonchalante-peu farouche. Il reste toujours une bête, un être inférieur auquel on a droit de tout faire subir, au mépris de son identité, de sa beauté et qui sait ? de son affectivité. Il restera toujours un simple objet d’étude. Et tant pis pour les sublimes vagabonds clochardisés par un bout de plastique. Tans pis aussi pour les rêveurs, les esthètes et autres illuminés qui ont la sensibilité exacerbée. Ils ne sont pas sérieux. Mais, cette sensibilité, n’est-ce pas là toute l’essence de notre humanité ? Et n’ouvre-t-elle pas les portes de la connaissance de façon aussi grande que celle de prétendues recherches où l’identité de l’oiseau est pervertie sans l’ombre d’un scrupule ? • Bernard Joubert La plume du circaète n°6 LPO Mission Rapaces Septembre 2008 1 Bilan de la surveillance Suivi 2007 Région Départements La création de notre réseau national a permis d’intégrer le Circaète dans les Cahiers de la surveillance, édités par la Mission Rapaces de la LPO. Dans le pays, l’espèce suscite un véritable engouement puisque le nombre de surveillants est passé de 15 à 101 en l’espace de six ans. En 2007, 10 % des couples nichant sur le territoire ont ainsi été contrôlés. Bien que récent, le suivi de l’espèce est sinon parfait du moins le meilleur et le plus important en Europe. De 2002 à 2007, 1259 couples ont été suivis. Ils ont donnés 688 jeunes à l’envol, soit un taux de réussite moyen de 0.54. Les deux graphiques suivants font état de la reproduction telle que rapportée dans les Cahiers. L’augmentation du nombre de couples contrôlés au fil des saisons apparaît nettement. Tout aussi nettement que la variation de réussite des couples. Le taux de réussite fluctue. 2006 restera dans les annales comme l’année d’un grand cru : plus de sept couples sur 10 mènent un jeune à l’envol, ce qui est presque deux fois supérieur à 2002. 2005 fut également fameux. Evidemment, ces informations à « grande échelle » sont à prendre avec précaution. Elles ne doivent pas occulter les nuances locales parfois importantes. Ainsi en 2004, le taux enregistré en Lozère fut mauvais (0.32) alors que dans le département voisin de la HauteLoire, il fut excellent (0.73). Couples Jeunes à Surveillants Journées de contrôlés l’envol surveillance Dordogne Gironde Haute-Loire Auvergne Puy-de-Dôme Côte d’Or Bourgogne Saône-et-Loire Yonne Centre Loir-et-Cher Aude LanguedocHérault Roussillon Lozère et Gard Corrèze Limousin Creuse Ariège Gers Lot Midi-Pyrénées Haute-Garonne Haute-Pyrénées Tarn Tarn-et-Garonne Pays-de-la-Loire Maine-et-Loire Poitou-Charente Charente-Maritime Provence-AlpesBouche-du-Rhône Côte-d’Azur Var Isère Rhône-Alpes Loire Haute-Savoie et Savoie nord Total 2007 3 2 1 8 20 9 1 / 21 14 2 22 10 3 4 30 1 1 / 5 5 5 4 35 1 / 2 2 13 7 3 8 13 9 4 30 24 19 1 56 47 26 14 95 7 2 1 1 / / / / 28 15 5 2 4 2 12 8 2 1 4 2 4 4 / 60 2 5 1 / 2 40 5 9 2 7 6 18 1 3 4 34 2 11 8 4 3 32 23 14 6 122 1 1 4 10 0 0 27 / 257 Aquitaine 151 101 642 Synthèse pluriannuelle • Bernard Joubert Suivi de la reproduction de 2002 à 2007 Suivi de la reproduction de 2002 à 2007. bernard.joubert0402@orange.fr 300 250 Taux de réussite Moyenne annuelle des taux de réussite de 2002 à 2007. 200 0,8 150 0,7 100 50 0,4 0,3 0,64 0,6 0,5 0 2002 2003 2004 Couples contrôlés 2 La plume du circaète n°6 2005 2006 2007 Jeunes envolés LPO Mission Rapaces Septembre 2008 0,38 0,47 0,72 0,59 0,39 0,2 0,1 0 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Suivi Conservation Suivi de la migration prénuptiale 2008 dans le Var et les Alpes-Maritimes Contexte L’opération OP CIRCA 2008 P avait pour objet de quantifier les effectifs de circaètes migrateurs sur la voie qui est considérée jusqu’à présent comme la principale du 06, en mesurer l’importance et la localisation, en remonter le cours le plus possible et trouver son cheminement en amont dans le Var. Cette voie, constatée depuis les années 2000, est particulièrement remarquable sur les sites de La Gaude / Le Tacon, et dans son prolongement vers Bellet / San Salvador. Méthode Des observateurs, répartis de part et d’autre de ce flux principal, devaient noter avec le plus de précision possible, les quantités, la localisation spatiale et les directions suivies par les migrateurs. D’autres observateurs postés en amont dans le 06 et dans le 83, tentaient de trouver la ou les voies alimentant ce flux majeur. Les samedi et dimanche 8 et 9 mars, puis les 15 et 16 mars, avaient été choisis comme les dates les plus propices au passages importants, en référence aux pics maximums du 10 et du 17 mars, constatés sur l’histogramme des années précédentes. L’objectif était de recueillir le maximum d’informations pour déterminer plusieurs données importantes : L’indice de passage horaire, donnant l’importance de la voie par site d’observation. Les localisations spatiales. Trois critères ont été retenus : N – V – S, selon que les passages se faisaient au nord, à la verticale, ou au sud du point d’observation. Le pourcentage de circaètes par rapport aux autres rapaces, pour savoir si la voie est privilégiée par l’espèce. ont été contactés entre le 8 et le 16 mars, mais il n’y a pas eu d’observations tous les jours. Il s’agit d’effectifs cumulés pour les journées où plusieurs observateurs étaient en place, car les mêmes oiseaux ont pu être comptés plusieurs fois. Cela dit, on a une idée du passage total avec 459 circaètes comptés sur le seul site de Bellet entre le 8 et le 16 mars. Les passages se sont effectués crescendo du 8 au 14 mars avec un maximum de 249 à Bellet à cette date. Mais nous avons appris (Luca Baghino in litt.) qu’environ 800 circaètes étaient passés à Arenzano le 12. Nous les Cumuls des observations de circaètes dans le Var et les Alpes-maritimes Observations cumulées entre le 8 et le 16 mars Durée Nbe Nbe % Indice (heures) circaètes rapaces circaètes horaire 49 459 502 91% 9.3 06. La GaudeLe 27 103 133 77% 3.8 Tacon 06. La Colle-sur Loup 06. Peyménade Les Saouves 83. St-Julien-le Montagnier 83. Châteaudouble 17 28 32 88% 1.6 14 22 31 71% 1.6 5 65 132 49% 14.3 2 15 15 100% 9.6 83. Belluny et 14 100 104 96% 7.0 Pourrières 83. Figanières St Clément 83. Claviers La Pigne 83. Les Arcs-Ste Roseline Totaux 14 17 23 74% 1.3 6 3 5 60% 0.5 2 0 0 / 149 812 977 83% Lieu 06. Bellet Localisation spatiale N V S / 106 127 226 (23%) (28%) (49%) 2 56 55 (2%) (54%) (53%) 12 8 8 (43%) (29%) (29%) 13 8 1 (59%) (36%) (5%) 0 10 55 (0%) (15%) (85%) 15 0 0 (100%) (0%) (0%) 40 30 30 (40%) (30%) (30%) 10 4 3 (59%) (24%) (18%) 2 1 0 (67%) (33%) (0%) 0 0 0 / / / / Trajets migratoires identifiés. Réalisation : M.Belaud Résultats En considérant toutes les observations du 83 et du 06 qui nous sont parvenues, au total 977 rapaces dont 812 circaètes La plume du circaète n°6 LPO Mission Rapaces Septembre 2008 3 avons manqués malgré la présence d’observateurs sur le terrain le 11. Ce jour-là, le fort vent d’ouest a perturbé la détection d’oiseaux passant en altitude sur un grand ciel bleu et probablement plus « éparpillés » qu’à l’ordinaire. Pour le 06, les observations cumulées placent le site de Bellet en tête avec une moyenne de plus de neuf circaètes par heure, puis les deux sites près du lac de St Cassien, notamment Pourrières. Pour le 83 : St Julien-le-Montagnier, avec 14.3 circaètes par heure. Ces résultats sont difficiles à commenter car ils sont très largement dépendants des journées à forts passages. Ils sont d’autant plus fiables qu’ils sont obtenus à partir d’un grand nombre d’oiseaux, et surtout si cela se répète sur les mêmes sites à des jours différents. Associés à la localisation spatiale des migrateurs, ils permettent de définir l’axe moyen de la voie et la largeur du front en fonction des conditions météorologiques. Les observations confirment la voie La Gaude / Bellet comme importante et régulièrement alimentée quelles que soient les conditions météorologiques, mais avec des localisations spatiales, (verticales, au nord ou au sud des sites) variant selon la météo. Le flux peut onduler ou se disperser jusqu’à cinq km de part et d’autre des sites d’observation, selon les courants ou les vents d’altitude, pas nécessairement les mêmes qu’au sol, et pas toujours identifiables. Des oiseaux semblent passer encore plus au sud en l’absence de vent, par ciel couvert et plafond bas sur les reliefs. Ces observations sont confortées par celles faites plus au sud et en amont à la Colle-sur-Loup. Selon nos estimations et les données recueillies à Arenzano (40 km O de Gênes), la voie La Gaude / Bellet représenterait environ un tiers des flux dénombrés sur la côte ligure. Au SO, pour localiser le flux amont alimentant cette voie, deux sites ont été choisis : Les Saouves (30 km SO de Bellet) et Pourrières (32 km SO de Bellet). Les résultats ont été fonction des conditions atmosphériques et de l’avancée des oiseaux. Le meilleur passage de 87 circaètes a été noté le 11 mars à Pourrières par fort vent d’ouest. Dans tous les cas, les oiseaux passaient majoritairement à la verticale ou au nord de ces sites. Comme on peut le constater sur les cartes, leur orientation moyenne les conduisait vers La Gaude / Bellet. Fort de ceci, nous sommes partis chercher les migrateurs dans le Var, dans 4 La plume du circaète n°6 le prolongement, entre Le Muy et Les Arcs à Ste Roseline. Résultat : zéro circaète ! Dans le même temps quelques oiseaux étaient observés à Figanières et à La Pigne avec des directions pouvant les conduire vers La Gaude / Bellet. Dans un secteur proche, à Châteaudouble, plusieurs passages analogues de sept ou huit circaètes en 35 minutes ont été notés à des dates différentes. Ceci constitue pour cette zone du Var, les meilleurs résultats obtenus à ce jour, de circaètes migrateurs au printemps. Encore plus à l’ouest, 47 circaètes le 11 mars, puis 18 par la suite, sont observés à St Julien-le-Montagnier. Ils prenaient une direction plutôt E que NE ce qui, de ce fait, devaient théoriquement les conduire plus au N que le flux constaté à La Gaude / Bellet. Conclusions L’OP CIRCA 2008 P a été une réussite. Elle a permis : de conforter les observations antérieures sur la voie La Gaude / Bellet, comme étant celle qui rassemblait les plus gros effectifs printaniers de circaètes des Alpes-Maritimes. de remonter le flux sur plus de 30 km. par la mobilisation des observateurs du Var, de trouver quelques postes dans le secteur Châteaudouble/Figanières/La Pigne, d’où l’observation des circaètes migrateurs paraît maintenant régulière. de découvrir, à St Julien-le-Montagnier, un très bon poste d’observation avec des passages importants de migrateurs… Reste à savoir où sont passés tous ceux que nous avons manqués ! Donc, à l’année prochaine ! Ces bons résultats sont le fruit de la mobilisation de chacun et du sérieux avec lequel les fiches d’observations ont été remplies. Merci donc à tous les observateurs et aux bénévoles de la LPO Paca: A. Abba, G. Autran, Co. et Ch. Baudoin, G. Beaudoin, Ma. et Mi. Belaud, G. George, P. Kern, G. Lopez, G. Martin, L. et A.Offerhaus, Marc et Mathieu Pelissie, M.et G. Poncet, X. Ravaux, B. Robinson, O. Soldioso, K. Straatman. Un remerciement tout particulier à Monsieur le Maire de Figanières qui a autorisé et donné l’accès à la tour de St Clément pour observer. La vue à 360° y est remarquable et ce point de vue devrait être très intéressant à l’automne… • Michel Belaud belaud.michel@wanadoo.fr LPO Mission Rapaces Septembre 2008 Suivi par balise Argos : de la Vienne au Mali Contexte En juin 2007, le Conservatoire régional d’espaces naturels de Poitou-Charentes (CREN), en partenariat avec l’Institut de Recherches pour le Développement de Marseille (IRD, F. Baillon, UMR 190) et du CNRS de Strasbourg (D. Chevallier-UMR7178) équipait un juvénile de circaète Jean-le-Blanc d’une balise Argos/GPS solaire de 35g. Ce programme, toujours en cours, est financé dans le cadre de la démarche Natura 2000 par l’Etat et la Région Poitou-Charentes. Le financement, la réception, le décodage des données satellitaires sont assurées par l’IRD, dans le cadre de ses programmes de recherches portant sur l’émergence des pathologies virales. Premiers résultats Dans un premier temps, cet équipement à haute valeur technologique a permis d’identifier le territoire d’émancipation du jeune avant son envol en migration le 16 septembre 2007. Cette identification permet aujourd’hui au CREN d’acquérir 31 hectares complémentaires situés à la périphérie du site militaire abritant l’aire, afin de pérenniser l’état de conservation des habitats de landes, de prairies naturelles et de microboisements fréquentés par le couple et son jeune. Au niveau éthologique, la balise a mis en évidence le fait que le jeune n’effectue pas de longs et grands vols d’entraînement avant son départ, que son pic d’activité est situé aux alentours des 15-17h (heure locale) et que ses déplacements sont possibles jusqu’à 21h (heure locale). En fait, il passe le plus clair de son temps sur quelques perchoirs favoris et dort toujours sur l’un de ceux-ci. Couplées à des observations de terrain, à longue distance grâce à son marquage coloré, les données montrent un jeune oiseau se faisant ravitailler par des adultes deux à cinq fois par jour, réalisant des vols d’arbre en arbre autour du nid et passant beaucoup de temps à jouer avec le vent et à entretenir son plumage et ce…jusqu’à son départ en migration en même temps que le couple parental. Détail de la migration dans le sud de l’Espagne. Réalisation : Cren Poitou-Charente Une nouvelle balise posée Données sur la migration En 2008, suite à l’échec de reproduction du couple dont est issu « Plume », le CREN a recherché un autre couple susceptible de lui permettre de poursuivre le programme. Le 8 juillet 2008, afin d’étudier l’influence de la composition des habitats naturels présents sur le territoire de reproduction sur l’émancipation des juvéniles de l’espèce et d’identifier les comportements qui relèvent de l’individu et non de l’éthologie de l’espèce, le CREN et ses partenaires (auxquels il faut ajouter, pour 2008, la LPO Vienne et l’ONF) ont équipé un nouvel individu, baptisé « Sam » en forêt domaniale de Vouillé en Vienne. Son envol est intervenu dans la semaine 35 et les premières vraies données sont attendues lorsque la balise aura retrouvé une charge suffisante de sa pile. En 2009, le Conservatoire envisage l’équipement d’une partie de la cellule familiale du couple initial afin de poursuivre le recueil des données nécessaires à l’élaboration de mesures de gestion géographiquement appropriées notamment dans un objectif d’intervention foncière ou de maîtrise d’usage des territoires vitaux sur la région. Les éléments essentiels des déplacements de l’espèce sont présentés avec un différé de quelques jours sur les pages Internet du site du Conservatoire www.cren-poitou-charentes.org à la rubrique « actualités » puis à l’onglet « à découvrir ». Dans un second temps, la balise a permis d’obtenir des données sur la migration et les rythmes d’activité hivernale puis estivale de l’oiseau. Si deux expériences de pose de balise Argos avait été réalisées précédemment (B. Meyburg) sur des adultes de l’espèce, « Plume » est le premier juvénile et le premier individu à réussir la globalité du voyage migratoire de notre population française. Les 5 280 km effectués en 34 jours ont été suivis grâce à l’acquisition de 950 données géo référencées et ont permis d’appréhender de manière fine les conditions de cet extraordinaire voyage. A titre d’exemple et dans l’attente de la publication des résultats, voici quelques éléments recueillis grâce aux données GPS. L’oiseau a montré un comportement intéressant lors d’une tentative avortée du franchissement du détroit de Gibraltar par des conditions météorologiques défavorables. Une dérive de près de 30 km en océan atlantique a été enregistrée pendant près de deux heures et il est de retour sur la côte espagnole une heure après. Il ne retentera le franchissement qu’à partir du moment où les conditions météorologiques (vent favorable) deviennent radicalement différentes, soit deux jours plus tard. Les étapes nocturnes ne semblent pas « choisies » comme le montre un certain nombre de données qui pointent l’oiseau de nuit…au sommet de dunes de sable ou des zones rocailleuses sans végétation détectable. L’altitude de vol est comprise entre 280 et 350 mètres du sol et l’on a pu détecter au moins deux vols « de chasse » à 10 km/h à environ 30 mètres d’altitude sur une heure avant que l’oiseau ne reprenne sa direction initiale. Données sur l’hivernage A son arrivée dans le delta intérieur du fleuve Niger au Mali, l’oiseau a d’abord exploité une zone de près de 25 km2 avant de prospecter celle-ci en circuits, dit de « marguerite », dormant le plus fréquemment sur un site unique de dortoir. A ce jour, soit 403 jours après sa pose, la balise fonctionne toujours à son plus haut niveau et l’immature prospecte un nouveau territoire de chasse (son septième). Ces territoires sont, le plus souvent, situés dans des cultures irriguées (rizières, vergers et maraîchage) et s’amenuisent, en superficie, au fil des mois, illustrant probablement l’efficacité de l’individu en terme de prospection et de chasse ou de modification du domaine vital des proies. . . Son pic d’activité et de déplacement est situé entre 12h et 17h (heure locale) et les données d’avant 10h (heure locale) marquent toujours son site de dortoir. Ce jeu de données uniques met en évidence l’absence de nécessité, pour les immatures de cette espèce, d’effectuer une migration de retour dans la seconde année, confirmant ainsi les rares données de contrôles visuels africains d’oiseaux issus du programme de marquage porté par J-P. Malafosse. La plume du circaète n°6 • P.Cavallin, J.Ventroux, D.Chevallier, F.Baillon pascal.cavallin@free.fr LPO Mission Rapaces Septembre 2008 5 Nidification aux portes de Marseille Marseille, ville de paradoxe Marseille, deuxième ville de France par sa population avec plus de 800 000 habitants, est aussi la septième plus grande commune qui s’étale sur plus de 24 000 hectares. A plus d’un titre, Marseille est une ville de paradoxes car si au centre-ville la densité de population est de l’ordre de 1 000 habitants au km2, dans certaines zones à l’extrême périphérie elle est voisine de zéro. En effet, alors que près de 15 000 ha du territoire communal sont urbanisés, plus de 9 000 sont des espaces naturels, souvent totalement inhabités. Ces zones constituées par des collines et des garrigues ceinturent la ville du nord-ouest au sud : le massif de la Nerthe au nord-ouest, le massif de l’Étoile au nord, le massif du Garlaban au nord-est, le massif de Saint-Cyr/Carpiagne au sud, où se trouvent les prestigieuses calanques, le plus vaste avec une superficie de 6 800 ha. Tous ces terrains sont un « poumon vert » pour la ville, mais ils constituent également, malgré leur aspect parfois désertique, une réserve biologique importante, car ils abritent une faune et une flore remarquables, avec des espèces endémiques ou rares au niveau national. Sur le plan ornithologique, et plus particulièrement pour les rapaces, la commune de Marseille est relativement riche en nombre d’espèces, puisque qu’elle héberge : un couple d’aigle de Bonelli (Aquila fasciata) dans les calanques, plusieurs couples de faucon pèlerin (Falco peregrinus) sur les falaises maritimes, plusieurs couples de grand-duc d’Europe (Bubo bubo), dans les calanques notamment, sans oublier de nombreux faucons crécerelles (Falco tinnunculus) et éperviers d’Europe (Accipiter nisus). précis. Il faut dire que cette zone possède un relief complexe avec une multitude de vallons d’orientations diverses, souvent très encaissés et avec de hautes falaises, ce qui rend les prospections assez difficiles. Si à la suite des incendies récents et anciens la plus grande Le pin d’Alep dans le vallon exposé au sud-est Photo : Richard Frèze partie de la zone est assez dénudée, certains vallons épargnés courbe de niveau à 50 mètres au sud de possèdent encore de très belles l’arbre. pinèdes qui peuvent être favorables à C’est actuellement le seul couple connu l’hébergement de rapaces forestiers nichant sur la commune. comme le circaète. Ce qui est remarquable c’est que ce site Cette année, grâce à l’aide de l’Office se trouve sur la partie nord du massif national des forêts (ONF) et un de Saint-Cyr/Carpiagne, celle qui est recoupement d’informations précises la plus proche des zones urbanisées. communiquées par ses agents de terrain A vol d’oiseau, l’aire est située à 550 travaillant sur ce secteur, nous avons pu mètres d’un lotissement, 950 mètres enfin trouver le site de nidification d’un d’un arrêt de bus, 1,2 km d’une route couple. nationale et 2,7 km d’un très grand Il est situé sur la pente nord/nord-ouest centre commercial. Un paradoxe pour d’un petit vallon, à la limite est de la une espèce qui niche habituellement commune de Marseille, dans le 11e dans des endroits très sauvages et loin arrondissement, entre les quartiers de la de toute présence humaine ! Barasse et de la Millière. Ce vallon, très Le 4 juillet, un jeune âgé d’environ cinq à proche des zones urbanisées, est assez six semaines était visible sur l’aire, inquiet peu fréquenté car à l’écart des chemins de notre présence si proche (nous de randonnée du secteur. Il possède sommes restés uniquement le temps quelques bosquets de beaux pins d’Alep de prendre une photo). Nous tenons à (Pinus alepensis) sur des pierriers à forte remercier pour leur aide et collaboration, pente (> 40°). L’aire est installée sur la Denis Nebel, responsable ONF de l’Unité branche latérale d’un pin légèrement territoriale Étoile-Garlaban, Vincent isolé dans une concavité du relief, à Pastor ainsi que tous les autres agents de une hauteur d’environ sept mètres, terrains de l’ONF du secteur. une altitude de 300 mètres et elle est exposée au sud-est. Pour la voir il faut • Richard Frèze descendre dans le vallon sur la même circa13@free.fr Premier cas connu de nidification En ce qui concerne le circaète Jeanle-Blanc (Circaetus gallicus), quelques couples nichent dans des communes assez proches, situées à une vingtaine de kilomètres de Marseille : Roquevaire, Roquefort-la-Bédoule, Ceyreste. Sur le massif de Saint-Cyr/Carpiagne, l’espèce était régulièrement contactée sans que l’on connaisse son statut 6 La plume du circaète n°6 LPO Mission Rapaces Localisation du nid sur la commune de Marseille Réalisation : Richard Frèze Septembre 2008 Observation de circaètes en limite d’aire Des circaètes bretons Dans la dernière Plume, J-P. Paul évoquait une recrudescence des observations de circaètes en limite, comme au delà de son aire de répartition habituelle et l’intérêt d’une veille accrue dans ces régions. Coïncidence ou pas, l’année 2007 semble plutôt exceptionnelle pour le Finistère. En plus de trois données départementales sans doute anecdotiques et à mettre en relation avec l’erratisme de certains individus, l’évènement majeur concerne l’estivage d’au moins cinq individus différents sur les Monts d’Arrée. La présence du Jean-le-Blanc sur ces « vastes » étendues de landes et de tourbières est toutefois assez classique : les observations y sont effectivement quasi annuelles depuis plus de quarante ans avec probablement des estivages réguliers (dont celui d’au moins quatre individus en 1996). L’affluence de cette année constitue néanmoins une première. Trois observateurs tentent de suivre au plus près le comportement de ces cinq individus dont l’identification précise a permis de constater le cantonnement, chacun sur une zone assez restreinte. Leurs domaines de chasse se superposent assez largement, ce qui entraîne de fréquentes rencontres et parfois des vols stationnaires, « côte à côte », dans l’attitude décrite par B. Joubert comme caractéristique des « vols de compagnie ». Leurs interactions sont donc fréquentes; elles déclenchent d’ailleurs presque systématiquement leurs cris flûtés, modulés en fonction de l’humeur. Aucun couple ne paraît réellement formé mais notre inexpérience ne nous facilite pas l’interprétation de certains comportements qui peuvent paraître troublants. Afin de continuer Situation du circaète en Loir-et-Cher à mieux préciser le statut de l’espèce dans la région, l’un des objectifs des prochaines années sera d’observer l’éventuelle fidélité des individus aux crêtes des Monts d’Arrée. En tout cas, s’ils reviennent, ce sera en connaissance de cause car pour l’instant la météo estivale ne s’est pas encore véritablement installée sur nos landes…or un bel été paraît ici forcément crucial; entre mars et août compris on doit se contenter d’une moyenne de 900 heures d’ensoleillement tandis qu’il y a environ 70 jours de pluie ! • Erwan Cozic, Philippe Lagadec & Yvon Le Corre erwan.cozic@wanadoo.fr Observations dans l’Yonne En 2007, deux oiseaux sont régulièrement observés près de Sens début juillet, sans que leur reproduction ne soit démontrée. En 2008, ces oiseaux ne sont pas malheureusement pas contactés à nouveau. Ces dernières années, les données de circaète s’accumulent dans le nord de l’Yonne : un adulte et un juvénile à Gron le 15/08/04, un juvénile à l’étang de Galetas le 26/08/06, un adulte harcelé par des mouettes et sternes aux gravières de St Julien du Sault le 26/06/07, un individu à Paron le 24/03/08, un individu à Sens le 10/08/08. Par ailleurs, dans le sud du département, on comptait au moins trois couples au début des années 1990, mais les observations y sont rares à l’heure actuelle. Rappelons que notre département se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition en France. • Stéphane Houet LPO Yonne h-stephane@orange.fr Historique Statut départemental : estivant nicheur régulier, migrateur occasionnel. Etoc en 1907 ne le considère pas comme très rare et envisage la probabilité de sa reproduction en mentionnant les localités de Fréteval et Morée (à cette époque, le Circaète nichait jusque dans l’Orne). En 1932, Tristan signale un nid dans la partie solognote du Loiret (site confirmé en 1933 et 1936) tandis que Reboussin, reprenant en 1935 son texte de 1929, avoue n’avoir jamais rencontré l’espèce dans le département et, sur la base des observations de Tristan affirme qu’il ne niche pas mais passe parfois en Sologne et même dans les forêts de Boulogne et de Russy. A cette époque, des oiseaux sont pourtant tués en juin 1936 et en mai 1937 sur le même site à Mur-de-Sologne (Clément Grandcour, 1937, 1938), toujours occupé actuellement !, puis dans le Perche à Sargé-sur-Braye en juin 1937 (Reboussin, 1939 ; un adulte avait également été tiré non loin de là en 1906 à Coulonges/ Rahay dans la Sarthe, Cottereau, 1919). En 1949, deux pontes sont prélevées aux abords de Vouzon (Lasnier, 1949). En 1936, Mayaud fixe l’aire de reproduction nationale au sud de la Loire. L’essor de l’ornithologie de terrain vers la fin des années cinquante permet de recueillir quelques informations attestant de la présence solognote du circaète, trop souvent limitée par l’action des gardes. C’est cette situation précaire qui prévaut jusqu’à la décennie soixantedix, malgré une opération de protection sans résultats probants. Avec les recherches engendrées par l’atlas des oiseaux nicheurs de France (1970-75), la constance de l’espèce en Sologne se dessine et le premier nid est enfin découvert en 1973. Un effectif estimé de 10 couples (enquête FIR/ UNAO, 1984) sert de point de départ aux passionnés qui, chaque année, rendent visite au circaète. Distribution et effectifs En Loir-et-Cher, la présence régulière et la nidification se limitent à la partie au sud de la Loire, particulièrement Les Monts d’Arrée vus du ciel Photo : E.Cozic et M.Ropars La plume du circaète n°6 LPO Mission Rapaces Septembre 2008 7 en grande Sologne où la distribution est homogène. Les grands massifs boisés du val de Cher (Gros Bois, Brouard, Montrichard ?) sont également occupés. L’inventaire communal, conduit de 1997 à 2002, relève la présence de l’espèce dans 28 % des communes dont 16 % avec reproduction confirmée. L’enquête FIR (2000-2002) recense quatre couples certains et deux probables dans six des 26 carrés centraux étudiés. Le total des estimations signale un minimum de 23 couples et un maximum de 34. Le suivi annuel depuis 35 ans (18 sites de reproduction identifiés avec certitude) nous autorise à penser que la réalité se situe vers le haut de cette fourchette (30 et plus ?) et que la population connaît actuellement une phase de progression , constat souligné par la fréquence en hausse des comportements interspécifiques (par exemple, conflits territoriaux impliquant jusqu’à cinq oiseaux à plusieurs reprises), tentatives d’installation de nouveaux couples sur des zones minutieusement suivies, réussite de la reproduction et fidélité aux sites de même que l’accroissement des observations d’erratiques sur la moitié nord du département depuis la fin des années quatre-vingt. En conséquence un effectif de 30 à 35 couples est retenu. En 1974, un individu aisément identifiable rayonne sur pas moins de 6 500 ha en Sologne des étangs. La distribution départementale des nicheurs couvre près de 300 000 ha ce qui fournit une moyenne d’environ un couple au 100 km2. Ce noyau solognot au sens large (sur les trois départements du Cher, du Loir-et-Cher et du Loiret) regroupe vraisemblablement une cinquantaine de couples et représente le bastion le plus important, sur la limite nord de la distribution française de l’espèce. En 20 ans, l’effectif départemental se trouve multiplié par trois. Si l’effort de prospection y trouve sa part, la progression numérique est incontestable comme il a été évoqué plus haut. L’avenir nous dira si cette situation n’est que transitoire, comme nous le pensons fortement, en regard de l’évolution défavorable (fermeture) prévisible du milieu. 8 La plume du circaète n°6 Habitat Le cantonnement des oiseaux répond à deux exigences : d’une part une zone forestière tranquille comportant de vieux pins aux cimes tabulaires, d’accès dégagé pour établir le nid (avec, d’après nos mesures, un espacement minimum de six kilomètres entre les aires des différents couples), et, d’autre part, des zones ouvertes herbeuses ou à couverture végétale de type friches ou landes, ainsi que les abords des étangs pour chasser les reptiles. La déprise agricole actuelle et l’abondance apparente des proies qu’elle engendre sont assurément le facteur clé du dynamisme local actuel du Circaète. La fidélité des couples à leur territoire de reproduction est illustrée par l’exemple de notre première découverte en forêt de Bruadan en 1973. En 2007, le nid se trouve sur le même site, la reproduction ayant été suivie dans au moins neuf nids différents pendant cet intervalle et à une distance maximale d’un kilomètre. Plus extraordinaire encore est ce nid découvert en 1998 à Mur-de-Sologne sur un magnifique pin isolé d’une clairière qui périt sur pied en 1999. L’arbre squelettique, toujours debout, verra l’envol d’un jeune en 2000, 2001 et 2002 ! Tous les nids observés, entre sept et 32 mètres de hauteur, sont presque exclusivement construits dans des pins sylvestres (trois cas sur un pin laricio, un sur maritime) et aucun n’a été localisé ni soupçonné sur un arbre d’essence feuillue. Cycle annuel Il est régulièrement présent en Loir-etCher de la mi-mars à la mi-septembre (dates extrêmes : 4 mars et 15 octobre). Aucune observation hivernale n’est connue. La majorité des rencontres concerne les couples établis, mais depuis 15 ans les contacts d’isolés se multiplient en dehors de ces sites avec la moitié des signalements entre la mi-août et la mi-septembre période du départ en migration. Biologie de reproduction A leur retour en mars, les oiseaux, souvent vus par deux, réoccupent les sites, paradent aussitôt lors des belles journées et construisent ou réaménagent rapidement l’aire. A la mi-avril, les manifestations nuptiales LPO Mission Rapaces Septembre 2008 s’estompent tandis que commence l’incubation (contrôlée un 10 avril, mais quelques cas plus précoces probables) de l’œuf unique, volumineux et blanc. L’éclosion intervient dans les derniers jours de mai ou les premiers de juin (cris dans l’œuf un 19 mai !). L’envol se produit dans les premiers jours du mois d’août (entre un 27 juillet et un 17 août), le jeune restant cantonné aux abords de l’aire jusqu’à la fin du mois, voire au début de septembre. Un 17 septembre, un jeune solitaire esquisse des mouvements de parade sur le site. Régime alimentaire Consommateur spécialisé de reptiles, il ne s’intéresse qu’à deux espèces d’ophidiens : la vipère aspic et la couleuvre à collier. Dans l’Orléanais voisin nous avons été témoins de la capture d’un poussin d’oiseau nidifuge (probablement un vanneau huppé). Conservation « En Sologne, les quelques couples qui viennent encore nicher sont immédiatement tirés par les gardes-chasses qui vont ensuite se faire payer la prime de destruction des buses» C’est en ces termes qu’A.Reille décrit la situation locale dans un article de 1965. En 1964, la loi classe le circaète au rang des espèces protégées. Afin d’encourager l’évolution des mentalités, la centrale rapaces de la SNPN/LPO (qui deviendra le FIR en 1969) initie de 1967 à 1974 l’opération Jean-le-Blanc qui récompense quiconque protégera un nid jusqu’à l’envol du jeune d’une prime de 15 € (par opposition aux 0,5 € accordés à la patte de « bec crochu » détruit). Aucun centime ne sera déboursé en Loir-et-Cher ! Si des actes illégaux de tir sont encore parfois à déplorer, la menace majeure actuelle concerne la gestion de l’espace. Comme nous l’avons vu, l’évolution en cours du milieu solognot correspond parfaitement aux exigences de ce grand rapace, du moins à court terme. A moyenne échéance, le boisement naturel ou artificiel des milieux incultes ouverts signera une inversion de tendance de la population de circaète, par fermeture de ceux-ci. Il convient donc d’encourager la pratique du pâturage extensif pour maintenir des milieux de chasse ouverts. Dans les espaces boisés, c’est l’exploitation de la forêt toute l’année et particulièrement d’avril à août qui menace directement les nichées. Ces dernières années, divers documents écrits, souvent internes, à destination des forestiers publics ou privés préconisent des mesures de maintien en l’état d’un îlot autour des sites et des périodes de travaux interdits qui, respectés à la lettre, garantissent au mieux l’évolution des familles mais induisent un repérage préalable qui reste à entreprendre. Dans le cadre de nos activités de suivis en Sologne, nous avons amicalement conclu un pacte de gré à gré avec les propriétaires qui connaissent précisément l’existence des couples établis sur leur domaine et se sont engagés à les respecter. Le cas du domaine de Chambord est exemplaire et a la chance d’abriter trois territoires chaque année. La difficulté est d’assurer le suivi en temps réel pour répondre au cas par cas ! Le circaète figure au rang des 22 espèces d’oiseaux qui ont permis d’inscrire la Grande Sologne (n°2402001) aux propositions du réseau Natura 2000. Il est aussi listé dans les indicateurs de gestion durable des forêts françaises (critère 4.6 des espèces menacées rencontrées en forêt, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, 2000) et, à ce titre sa prise en compte comme espèce patrimoniale devra figurer dans les futurs documents d’objectifs. C’est déjà chose faite à Chambord. D’autres facteurs négatifs existent mais demeurent marginaux dans l’état de notre connaissance : printemps très humides gênant la recherche de nourriture, collision avec le trafic automobile (deux cas recensés) ou avec le réseau de câbles de transport de l’énergie électrique (investigations souhaitées), les pylônes constituant très souvent des postes de repos ou d’affût des circaètes solognots. Ce bilan repose sur les investigations d’un petit noyau de passionnés qui rendent visite chaque année depuis 35 ans, principalement en juillet, aux circaètes solognots, en particulier Laurent Charbonnier, Christian Gambier et Jean-Michel Lett. • Alain Perthuis alain.perthuis@onf.fr Identifier les échecs de reproduction Aussi frustrant que cela puisse être, un échec constitue un résultat. A ce titre, il convient de l’intégrer au suivi des populations que plusieurs d’entre nous mènent dans leurs régions respectives. Ne sachant de quoi l’avenir est fait – je parle de celui du circaète -, il est important d’arriver à connaître autant que faire se peut la cause de ce type de résultat. Sauf circonstance exceptionnelle, il est rare d’être le témoin direct d’une disparition. Ainsi devonsnous la plupart du temps procéder par déduction. L’analyse d’indices permet parfois d’appréhender l’origine d’un échec sans l’ombre du doute. Mais généralement, on doit se satisfaire d’un faisceau de présomptions, lesquelles resteront de pures conjectures. Dans ce cas, la science du terrain de l’observateur (c’est-à-dire son expérience personnelle) peut seule lui permettre une approche juste sinon certaine. Le tableau suivant n’a pas la prétention d’être exhaustif ni parfait. Il ne s’agit pas non plus d’un modèle. Simplement, son intention est d’essayer de donner quelques pistes de réflexion. En m’excusant des portes ouvertes enfoncées… Prédation La martre a bon dos, mais il convient de ne pas sous-estimer les capacités physiques de ce mustélidé fascinant. Un film d’Yves Boudoint montre la pugnacité d’un geai, oiseau nichant dans les mêmes sites que le circaète. Parmi les corvidés prédateurs potentiels figure le grand corbeau. Non-éclosion Avec activités humaines, il faut entendre tout dérangement, aussi bref soit il : promeneur, motard, agriculteur, forestier, etc. Dans le haut Allier (Haute-Loire), il a été constaté que le dérangement par les circaètes voisins est une source d’échec non négligeable. A propos d’une incubation prolongée, avant de diagnostiquer un échec définitif, s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une ponte tardive et/ou de remplacement. Chute Les indices de chute sont des gros fragments de coquille, le cadavre du jeune au pied de l’arbre. Mais, renards, blaireaux, chiens errants voire sangliers peuvent faire disparaître ces traces biologiques. Mortalité En Haute-Loire, Yves Boudoint a été témoin d’un abandon spontané de nichée par une femelle, qu’aucun facteur extérieur ne pouvait expliquer. On peut envisager l’existence d’instinct parental plus ou moins affirmé. La disparition d’un adulte est préjudiciable dans les quatre premières semaines du jeune. Ceci oblige l’adulte protecteur à aller chasser. Par la suite, les apports de proies sont suffisamment peu abondants pour qu’un seul adulte se montre capable de les assumer seul. L’enlèvement possible du cadavre d’un poussin mort de maladie par exemple peut être le fait d’un prédateur. Dans ce cas, il est difficile d’apprécier avec exactitude l’origine de l’échec si on n’a pas été témoin direct du drame. • Bernard Joubert bernard.joubert0402@orange.fr Echecs de reproduction Prédation Non éclosion Chute Stades œuf/jeune œuf œuf/jeune Indices nid vide œuf hors période restes au plumée incubation prolongée pied de coquille brisée l’arbre Origines 1. Mammifères : 1. Dérangements : genette activités humaines martre relations intraspécifiques 2. Oiseaux : relations grand-duc interspécifiques (?) autour 2. Stérilité du mâle corvidés (dont 3. Conditions geai) météorologiques (pluies prolongées) La plume du circaète n°6 Mortalité jeune cadavre nid vide 1. Accident 2. Intempéries (pluies) 3. Maladie 4. Défaut de nourrissage (pluiedisparition d’un adulte) 5. Comportement parental (femelle instable-autre) LPO Mission Rapaces Septembre 2008 9 12 ans de suivi dans l’Hérault : Année Couples ou succès reproducteur trios suivis (C) et causes d’échec 1996 6 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Total Contexte Le suivi de la nidification débute en 1996 avec la recherche des premiers couples et porte cette année-là sur sept sites (six couples suivis) pour atteindre un maximum de 21 sites en 2006. Suite à l’enquête rapaces, la zone suivie par l’observateur s’étend légèrement à l’ouest et s’enrichit de trois couples. En 2007, 24 cycles de reproduction sont suivis. A ce jour, un minimum certain de 27 ou 28 sites sont occupés. 26 sites sont suivis au moins une fois. Seul un site n’est jamais suivi (difficultés d’accès, pistes fermées). Données sur la reproduction Nombre Réussites Absences de reproduction Echecs 136 à 139 Taux de reproduction 74,7% à 76% 9 à 19 4,9% à 10,4% 24 à 34 13,2% à 18,7% Tab 1 : Synthèse du taux de reproduction. Les 182 cycles annuels suivis (avec ou sans reproduction ; couples et trios) donnent 136 à 139 jeunes à l’envol, soit une productivité ou taux de reproduction de 75 % (Nombre de jeunes à l’envol /nombre de couples suivis). Notons que trois cycles annuels supplémentaires (un en 2000, deux en 2004) ne sont pas pris en compte en raison d’une pression d’observation insuffisante. De même, un couple nicheur supplémentaire (en 2000) n’est pas comptabilisé car la fin de sa reproduction n’a pas été suivie. Trois jeunes supplémentaires sont peutêtre élevés à l’insu de l’observateur du fait du changement de site par le couple (oiseaux vus). Notons qu’en 12 ans, il y a eu un minimum de neuf changements de site (causes : aigle royal, hibou grand-duc, travaux forestiers, dérangements). Seule l’année 2004 est « mauvaise » quant à la productivité. Curieusement, après lecture de la météo, les conditions climatiques ne sont pas pires qu’en 2007, mais les résultats sont différents. La productivité par site va de 45 % (couple qui perd trois nichées dans un grand pin d’Alep) à 100 % pour un seul couple qui n’a jamais échoué en huit ans. 10 La plume du circaète n°6 6 9 14 12 16 19 18 17 21 20 24 182 Absence de Absence de Echec Nombre Productivité reproduction reproduction de jeunes ou taux de ou échec envolés (J) reproduction (J/C) * * 1 5 83% * * 2 4 67% * * 1 8 89% 1 * 2 10 à 11 71% * 1 1 10 83% 2 1 1 12 75% 1 * 4 13 à 14 68% 1 1 2 13 à 14 72% 1 4 3 9 53% 1 3 1 16 76% 2 * 1 17 85% * * 5 19 79% 9 10 24 136 à 139 75% Tableau 2 : Bilan de la reproduction de 1996 à 2007 dans l’Hérault. Causes d’échec Les absences de reproduction ont la même origine que les échecs (causes naturelles et anthropiques), mis à part le cas de l’immaturité. La place des échecs et absences de reproduction est connue dans 37 cas sur 43 soit 86 % des cas. Les causes d’échecs d’origine naturelle (29 cas dont 6 absences de pontes « sûres » soit 67,4 %) : l’immaturité de la femelle (1 cas dont 1 abstention sûre); la disparition de l’œuf (un cas) la disparition du poussin (3 cas) les œufs non éclos (3 cas) Grand-duc (3 cas dont 2 abstentions sûres) Aigle royal (3 cas dont 1 abstention sûre) la mort du jeune (4 cas) les « trios » (5 cas dont 2 abstentions sûres) Chutes du nid, de l’œuf ou du poussin (6 cas). Les causes d’échecs d’origine anthropique (8 cas dont 3 absences de ponte « sûres » soit 18,6 %) : les coupes forestières (4 cas dont 3 abstentions sûres) les aménagements de piste (1 cas) délimitation forestière (1cas) dérangement humain (1cas) incendie proche (1cas) Les causes d’échecs inconnues (6 cas) : Pour un cas, l’observateur soupçonne les chasseurs, suite à l’aménagement de postes de tirs près du nid (nid tombé avant ou après la ponte). Lorsque les travaux humains « lourds » (coupes forestières, aménagements de pistes) débutent avant l’arrivée des circaètes ou peu après, le couple s’adapte et change de site (plusieurs cas constatés). Dès lors que les travaux ont lieu peu avant la ponte ou pendant LPO Mission Rapaces Septembre 2008 l’incubation, ils peuvent interrompre le cycle de reproduction, ou bien sûr causer l’échec. Sur un cycle de reproduction de 116 jours (46 jours d’incubation + 70 jours d’élevage minimum), l’observateur considère que le risque d’échec est fort pendant environ 80 jours (46 jours + 35 jours d’élevage). Pendant cette longue période, pour raisons diverses (dérangement humain, circaète intrus, pénurie alimentaire), l’absence de la femelle au nid peut être source d’échec. Dans ce cas, l’invisible autour, le grand corbeau, les mustélidés (en fin de journée) sont les prédateurs habituels. A ce jour, dans l’Hérault, le grand-duc, abondant et voisin de tous les circaètes, n’a causé qu’un seul abandon de ponte. Parvenu à 40 jours (tout emplumé), le circaèton a toutes les chances de prendre son envol. A cet âge, et jusqu’à l’envol, aucun cas de prédation directe n’a encore jamais été constaté. Seuls deux jeunes tout emplumés sont morts sans être prédatés en 182 cycles suivis. Parmi les causes « naturelles » d’échecs, les cas « disparition d’œuf et du poussin », « œufs non éclos », « mort du jeune en bas âge » (2 cas), peuvent avoir comme origine des dérangements humains et, par la suite, causer des abandons (œufs) et des prédations (œufs, poussins); de ce fait les causes d’échecs d’origine « anthropique » (8 cas) sont très vraisemblablement sous-estimées. On peut donc considérer que l’homme est responsable d’un échec sur cinq (soit 20 %) dans la biologie de la reproduction du circaète. Dans le cadre de ce suivi, c’est une perte potentielle de productivité de 4 %. • Jean-Pierre Céret 1, rue de la Pompe 34800 Ceyras Suivi dans les Cévennes Inventaires des couples et densité dans le Parc national des Cévennes en 2007. Inventaire Trois nouveaux couples pour 2007 viennent s’ajouter aux secteurs Causses, Aigoual et Aubrac. Les quelques petits changements dans la colonne « probables » n’apportent pas de grandes modifications à ce chapitre. Phénologie Comme en 2006, les conditions favorables de mars (période d’installation des couples) ont permis un très faible taux d’abstention chez les couples nicheurs présents. Nous n’avons relevé qu’un seul cas cette année (2,08 %). Compte tenu de l’extrême douceur et de la bonne météo, les arrivées de migration ont été régulières dès le 28 février dans le sud de la Lozère Secteurs Couples Couples Couples Total Superficie Densité ha/couple biogéographiques certains probables possibles (ha) (Couple/100km2) Cévennes 40 3 8 51 60000 8.5 1176 Causses 40 2 13 55 90000 6.1 1636 Aigoual 39 2 2 43 45000 9.5 1046 Mt Lozère 14 9 7 30 70000 4.3 2333 Aubrac 13 2 15 / / / Total 146 18 30 194 265000 6.75 1480 (28 février, 1er mars, 4 mars, 5 mars, 12 mars…). D’ordinaire, un individu s’observe autour du 1er mars, les arrivées régulières s’effectuant vers le dix du même mois. La date moyenne de ponte est identique à 2006 (16 avril) mais les pontes se sont par contre beaucoup plus étalées entre le 31 mars et le 2mai, sans pic de ponte réellement marqué. Les deux pontes en mai (2 et 12 de ce mois) sont le fait de « retardataires ». Données sur la reproduction Suivi de trois paramètres la reproduction dans les Cévennes Suivi de trois paramètres dede la reproductiondans les Cévennes. 1,2 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Taux de reproduction 0,33 0,66 0,47 0,78 0,65 0,40 0,64 0,71 0,58 0,57 0,52 0,59 0,31 0,54 0,79 0,56 Couples suivis (n=659) 13 15 17 27 37 35 33 38 59 67 62 61 64 48 42 48 Ce tableau présente l’évolution du taux de reproduction (nombre de jeunes par couple suivis) sur une période de 16 années, de 1992 à 2007. Ce taux de reproduction annuel oscille d’une année à l’autre autour d’une moyenne proche de 0,6 jeune par couple. La tendance générale, de 1992 à 2007, montre une stabilité du taux de reproduction dans le temps. Variation du taux de reproduction de 1992 à 2007. Année Ces deux couples ont mené à bien leur reproduction : l’envol du jeune s’est produit à 73/74 jours le 29 ou 30 août pour le premier (couple dont le mâle est bigame, voir chapitre sur le baguage); et à 73 jours pour le deuxième couple, le 9 septembre au matin. 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 ponte éclosion Le graphique ci-dessus nous renseigne sur le déroulement des périodes de ponte, incubation et élevage du poussin, de 1995 à 2007. En 2007, nous constatons un retour à des pertes notables au cours de l’élevage du jeune; pertes qui s’étaient atténuées les trois années précédentes. Malgré un taux de départ très élevé en ce qui concerne la ponte, des aléas en cours d’incubation et pendant l’élevage des jeunes ne permettent qu’une productivité moyenne. La La plume du circaète n°6 envol prédation semble être un facteur dominant cette année. Une fin de printemps et un été chargés de contrastes et parfois assez frais, ont certainement poussé les femelles à chasser de bonne heure, laissant de très jeunes poussins seuls à l’aire. Cinq des 21 échecs constatés cette année restent indéterminés. Les 16 autres se répartissent en : abstention (1), chute de l’aire (3), prédation (8), œuf clair (1), foudre (1), famine (1), dérangement (1). LPO Mission Rapaces Septembre 2008 11 Baguage Les séances de baguage se sont déroulées entre le 25 juin et le 2 août. Nous avons bagué 24 poussins à l’aide des bagues muséum et de marques individuelles (bagues colorées en darvic). En 2007, ce sont 282 poussins qui ont été bagués depuis le début de notre programme sur la zone d’étude; 246 portant en plus une combinaison colorée individuelle. Cette année, nous avons huit observations et deux reprises (mort ou blessé) de circaète. Ces contrôles et reprises concernent huit oiseaux différents car un d’entre eux a été observé à trois reprises par trois observateurs différents. Deux n’ont pas pu être identifiés : un a été vu par N. et J. Thomas dans le secteur sud-est du causse Méjean, l’autre dans la vallée du Tarnon par P. Baffie. Il n’est pas exclu, compte tenu des sites d’observation proches, que ce soit le même individu. Une troisième observation de 2005 pourrait y être rattachée. Ces observations d’individus bagués non identifiés sont importantes pour cibler des secteurs de recherches et doivent être comptabilisées. Un exemple, tiré des six autres circaètes identifiés, montre l’intérêt de juger tout de suite sur le terrain de la valeur de son observation : l’oiseau observé trois fois cette année a été confirmé par photo. La première observation due à J. Bonnet donnait une marque « jaune sur rouge » avec des réserves sur la qualité de la détermination des couleurs. La deuxième observation faite par P. Lecuyer précise que l’oiseau porte des bagues « blanc sur rouge » avec une qualité d’observation jugée excellente. Nous avons retenu la deuxième détermination. Quelques temps après, P. Roy en randonnée sur le site fait plusieurs clichés de l’oiseau posé et confirme bien la combinaison « blanc sur rouge » à droite. Tout va bien pour cette année mais que penser de l’oiseau vu l’an dernier au même endroit et déclaré blanc sur orange à droite ? Il semble peu probable qu’il soit différent et la donnée de 2006 sera conservée avec prudence. Ce circaète, identifié dans le secteur de Cinglegros dans les gorges du Tarn, 12 La plume du circaète n°6 est probablement un mâle. Il est âgé de huit ans et issu d’un couple proche de St Rome de Dolan à six kilomètres de là. Compte tenu de son âge avancé et de son intérêt pour le site, en 2008 nous rechercherons le site de nidification de cet oiseau. Un deuxième circaète a été identifié par A. Ravayrol dans les environs de St-Guilhem-le-Désert dans l’Hérault. Ce mâle est âgé de sept ans et a vu le jour 84 km au nord-est dans la vallée du Lot. Il a été vu en couple en début de saison. Une information un peu plus ancienne concerne un oiseau trouvé mort en Ardèche par A. Clarion en l’an 2000 et dans le secteur de St-Vincent -deBarre. Ce circaète de sexe inconnu, âgé de six ans et demi, avait été bagué poussin en 1993 à 101 km de là dans la vallée du Tarnon. Son âge laisse penser qu’il a pu se reproduire en Ardèche. Un juvénile bagué en 2006 a été récupéré blessé sans plus d’information en Espagne (Icona comme informateur). C’est la première donnée d’un oiseau de première année (357 jours) sur le territoire européen mais cela ne prouve pas qu’il soit de retour d’Afrique noire. Il a très bien pu hiverner en Espagne après avoir rencontré des difficultés de migration. A suivre. Nous avons fait les deux dernières observations. Le premier est un mâle de 12 ans, probablement nicheur, vu sur un site de nidification suivi depuis de nombreuses années. Cette présence est sans doute due à la disparition du mâle de ce couple. L’aire n’a pas été trouvée cette année. Cet oiseau bagué en 1995 dans les Cévennes (46 km au sud-est) a déjà été signalé à l’âge de sept ans au sud de l’Aigoual (30 km de son lieu de naissance et 63 km du site actuel). Le deuxième circaète est particulièrement intéressant. Ce mâle de 11 ans est nicheur à sept kilomètres de son lieu de naissance sur la commune voisine. Il a déjà été vu en 2000 près de Mende, puis dans les gorges du Bramont en 2004. Les gorges du Bramont sont proches du site de l’aire et il est LPO Mission Rapaces Septembre 2008 probable que cet oiseau se soit installé depuis quelques années déjà sur ce territoire. En plus d’un bel exemple de philopatrie, ce circaète (grâce à ses bagues colorées) nous dévoile un premier cas de polygamie. Nous l’avons suivi en début de saison s’accouplant et chargeant deux aires distantes d’un kilomètre avec deux femelles différentes. Comme nous le pensions, seule la femelle du site le plus ancien a produit un jeune. Pour la troisième année la femelle du site supplémentaire a échoué sa reproduction au cours de l’incubation. Fournir suffisamment de nourriture à une femelle est souvent problématique dans notre région, et il est probablement impossible à un mâle de nourrir deux femelles occupées à couver. Anecdote Iris marron atypique. Photo : J-P. Malafosse Dans le cadre des bizarreries de la nature, cette année, nous avons bagué avec B. Ricaud un poussin de circaète bien atypique. Depuis que nous baguons (environ 300 poussins), nous avons remarqué que l’iris des jeunes de circaète présentait des tons de jaune différents selon les individus. On peut sans rentrer dans les subtilités parler d’œil jaune clair et d’œil jaune sombre. Nous relevons cette différence pour essayer de la relier au sexe du poussin. Quelle surprise de trouver un poussin de circaète du sud de l’Aigoual avec un iris parfaitement marron comme celui d’une jeune buse. Quelqu’un a-t-il déjà vu ça ? • Jean-Pierre et Isabelle Malafosse jeanpierre.malafosse@espaces-naturels.fr La longévité du circaète : la preuve par la photographie Situé au nord-est du bassin du Puy, le horst granitique de Chapinhac domine de 285 mètres le chef-lieu de la HauteLoire. Depuis une quarantaine d’années, les circaètes qui nichent sur son versant sud occidental sont suivis par divers observateurs. Parmi ceux-ci, Yves Boudoint, probablement le plus fidèle. C’est en ces lieux que le 20 juin 1975, j’identifiai l’espèce pour la première fois. En réalité, deux jours auparavant, Petterson en main, je l’avais déjà reconnue comme un probable … aigle de Bonelli ! (à ma décharge, je dois avancer la mauvaise qualité des jumelles empruntées à mon grand-père). En ces temps, le nombre de naturalistes était de quatre dans tout le département. Boudoint avait entrepris le suivi régulier d’un couple nicheur vers Chaspinhac. Au fil des années, il fit ainsi une impressionnante série de photographies; lesquelles s’avèrent instructives à plus d’un titre. Avec la générosité qui le caractérise, Yves a mis ces documents à ma disposition. L’examen attentif de quelques clichés permet de constater pour la première fois in natura et sans marquage la longévité d’un circaète. La première photo date de 1980. Elle montre un mâle clair. Le couple est installé face au horst de Chaspinhac, sur l’autre versant des gorges de la Loire, à environ quatre kilomètres du site où cet oiseau sera régulièrement noté les années suivantes. Comme les années précédentes Y.Boudoint n’avait pas observé cet individu, il s’agissait donc soit d’un jeune mâle nichant pour la première fois (avec succès), soit d’un oiseau venant d’ailleurs. La vue montre un mâle pâle doté de flammèches éparses relativement longues et étroites sur la poitrine. Ce motif est suffisamment peu répandu Découvertes récentes pour le caractériser. Avec l’ordinateur, il est aisé de détailler méticuleusement les flammèches. Au fil des années, leur emplacement, leur nombre et leur forme ne changent pas. Autrement dit, l’oiseau garde toujours le « même » plumage. Contrairement à ce qui peut être vu chez l’autour des palombes, le plumage ne s’éclaircit pas avec l’âge. Les vues suivantes prises en 1991, 2003, 2007 sont d’une qualité remarquable. Faites de face, elles révèlent sans ambiguïté que l’individu est le même : le mâle de 2007 est celui photographié pour la première fois en 1980. En conséquence, ce circaète est âgé d’au moins 27 ans. Si on considère qu’en 1980 c’était sa première saison de reproduction et que la durée de maturation de l’espèce est de deux à trois ans, on obtient une longévité de 29-30 ans (à ce propos, le numéro 90 du journal La Hulotte rapporte en 2007 la longévité record de 33 ans, répertoriée par le CRBPO). Pour conclure– provisoirement – avec le plumage, il semble que les motifs sont fixés génétiquement et de façon immuable. Il existe des individus clairs et des individus sombres. Certains à grande bavette, d’autres à petite bavette. Certains peu marqués, d’autres lourdement. Les oiseaux très pâles voire blancs notés ici et là et qui font rêver ne paraissent pas être plus jeunes ou plus vieux que les autres. Il est surprenant de constater l’importance accordée à ces fameux individus blancs, importance amenant les supputations les plus gratuites. La seule importance de ces Grands blancs est d’ordre esthétique, ce qui à nos yeux est loin d’être la moindre des choses. • Bernard Joubert bernard.joubert0402@orange.fr Depuis 35 ans, Yves Boudoint suit des circaètes nichant dans la région du Puy (Haute-Loire). Voici quelques réflexions et découvertes faites en 2007. Elles sont livrées ici à l’état brut, telles que transcrites dans les notes de terrain. Choix de l’emplacement du nid Après avoir construit son nid durant trois ans dans un site accidenté, d’où il pouvait voir la Loire, la route et même le train, le couple que j’étudie depuis longtemps (1972), s’est déplacé de 2 km vers une vallée profonde et tranquille, qu’il avait déjà occupée une dizaine d’années auparavant. Le choix ayant été immédiat, on se demande si le nouveau site n’avait pas été pressenti l’année précédente ; il y a eu cependant des incursions passagères dans le nid 2006 mais pas les premiers jours. Pour la construction du nid, alors que des pies, minutieusement contrôlées, ont fait une centaine de va-et-vient dans la journée, cette construction est extrêmement discrète chez le circaète. Comportement à l’aire Le site accidenté de 2006 avait permis d’observer de loin l’intérieur du nid, sans déranger, et de découvrir l’incroyable assiduité des couveurs, surtout la femelle qui peut rester trois heures sans bouger et à peine tourner la tête. Contrairement aux gallinacés, l’œuf n’est pas tourné périodiquement. J’ai pu filmer le premier repas du poussin, les attaques des geais, l’ombrage fréquent, et, pour la première fois, l’apport de boisson, bec à bec, par le mâle. Grâce aux progrès explosifs de la photographie et du cinéma, voir et revoir les enregistrements. Lors de l’apport de serpent par le mâle à la couveuse, on est étonné de voir le couple rester immobile de longues minutes sans même se regarder. Fidélité au site Ce nid avait été réoccupé malgré un grand incendie de forêt en 2005 avec pompiers, hélicoptères et canadairs à moins de 400 mètres. Remarque sur le ravitaillement 1980 2003 1991 Les formats informatiques de ces quatre photographies de Yves Boudoint, sont disponibles sur demande. 2007 La plume du circaète n°6 Donc, en 2007, l’élément nouveau, c’était surtout le calme, l’absence probable de promeneurs, plus d’attaques de geais, ni d’intrus, ni de rapaces, ce qui semble avoir eu pour conséquence une absence prolongée des parents ; pour la première fois, on a eu plusieurs journées sans aucune visite des adultes ce qui faisait craindre un manque de nourriture démenti par le constat d’un jeune peu LPO Mission Rapaces Septembre 2008 13 empressé à la saisir, au point de la voir remportée. Il s’est confirmé que le métabolisme de ces oiseaux est réduit au minimum, contrairement à l’image que donnent les spectaculaires vols stationnaires. La technique cinématographique Les progrès de la photographie, inattendus, ont favorisé des observations inédites, par exemple, la possibilité de filmer le passé ! La caméra Sony 505 peut enregistrer ce qui se passe, en permanence (et au ralenti), pendant plusieurs heures, mais le récent efface le passé… sauf si on appuie sur le bouton, ce qui revient à filmer l’instant précieux qui précède l’évènement survenu ; ceci permet d’avoir accès a posteriori aux causes d’un évènement subit et imprévisible, ce qui, vous en conviendrez, est formidable. Détails supplémenatires sur l’oiseau L’évènement de l’année a été la pose d’une balise Argos sur un jeune du Poitou-Charentes . J’en ai retenu quelques ressources : avant son départ, le jeune balisé a rejoint le dortoir de son nid à 19h53 ; intrigué par cette heure tardive, je suis allé aussitôt vérifier et, effectivement, mon jeune est revenu au site à 19h25; c’est à retenir pour l’avenir ! L’ordinateur, instrument de travail Il m’est venu l’idée de créer une simulation de la migration sur ordinateur. J’ai introduit dans la machine trois hypothèses : 1) l’oiseau vole approximativement vers le sud-ouest. 2) il ne survole pas la mer et suit la côte si elle va vers le sud. 3) En cas de difficulté, il fait strictement demi-tour. Dans le programme, il y a des fonctions aléatoires, par exemple une imprécision sur la direction à suivre. Au début, on choisit certains paramètres, par exemple, le lieu du nid de départ. Il ne reste plus qu’à regarder comment l’ordinateur cherche et trouve la route ; s’il échoue, cela prouve que les trois hypothèses ne sont pas suffisantes. Ce sujet est traité sur un disque DVD disponible. Menaces Tir, électrocution et collisions Electrocution dans le Gard Collision dans les gorges de l’Allier Le 7 juin 2008, Le 9 juin 2008, un circaète est trouvé un circaète s’est mort sous une ligne haute tension, au électrocuté sur un pied d’une paroi à faucons pèlerins transformateur de la dans les gorges de l’Allier. Selon commune de Sainttoute vraisemblance, l’oiseau se Laurent-le-Minier, serait assommé en percutant un des dans le Gard. Le nombreux câbles qui traversent la vallée maire, alerté par des à ce niveau. habitants proches Très pâle, quasi immaculé, et doté d’un Photo : M-P. Puech plastron à peine marqué, il s’agissait qui ont cru à une d’un mâle probablement adulte. D’une explosion du transformateur en voyant maigreur extraordinaire, il accusait de la fumée, a prévenu M-P. Puech, la 1 150 grammes pour une envergure de vétérinaire la plus proche impliquée dans 179 cm. Son bréchet saillait entre les la protection des rapaces. pectoraux comme une lame de couteau. L’analyse du contenu stomachal a permis Cet état était à mettre en relation avec d’identifier une couleuvre d’Esculape le temps épouvantable (cinq semaines fraîchement ingurgitée et les restes d’un de pluie) qui a sévit en Haute-Loire ce mulot. Cet oiseau avait été bagué dans printemps. le Gard par J-P. Malafosse le 11 juillet 2003, à environ 10 km à vol d’oiseau. Cette reprise illustre donc un nouveau cas de philopatrie pour l’espèce. Il s’agissait d’un mâle de cinq ans, donc probablement reproducteur. Le Cogard s’est chargé de signaler l’accident à EDF et de leur transmettre les références du poteau, relevées par M-P. Puech. • M-P. Puech Goupil Connexion -mppuech@mageos.com • B. Ricau et J-P. Malafosse Parc national des Cévennes B. Remy • Cogard bremy@cogard.org Collision en Haute-Garonne Pour terminer, j’attire l’attention des Le 7 août 2008, un circaète accidenté observateurs sur le statut des circaètes est recueilli par les pompiers de blancs (albinos) ; qui exhibera une Cugnaux (31). Victime d’une photo d’un adulte blanc au nid ou d’un collision, l’oiseau a été transporté jeune né albinos ? à la Clinique des oiseaux, de la faune sauvage et du gibier de Toulouse où le docteur C.Calvache a diagnostiqué une déchirure du patagium qui empêchera l’oiseau de voler à nouveau. Celui-ci sera donc confié à un parc animalier. • Yves Boudoint • Cyril Calvache Les individus blancs boudoint.yves@wanadoo.fr 14 La plume du circaète n°6 cc.nac@envt.fr LPO Mission Rapaces Septembre 2008 • Bernard Joubert bernard.joubert0402@orange.fr Tir dans le Tarn et Garonne Le 23 août 2008 au soir, un circaète est trouvé blessé à Montauban (82). Dans la matinée, une riveraine avait entendu des coups de feu. Les radios effectuées par le docteur Fecelle, vétérinaire à Montauban, confirment la présence de plombs sur l’aile gauche. L’oiseau est actuellement en soin à la Clinique des oiseaux, de la faune sauvage et du gibier de Toulouse. • Renaud Nadal renaud.nadal@lpo.fr Individu blanc et blouse blanche. Photo : Clinique Montauban Sensibilisation Surprises photographiques Bibliographie Un accouplement sur ma tête… Belette au menu Rapaces de France Lundi 7 avril : belle matinée de Une photo surprenante a été prise Le circaète, prédateur spécialisé, A l’occasion des 10 ans printemps passé en Montagne Noire en par Alain Willer, le 25 juin 2008 dans ne dédaigne pas à l’occasion des de la fusion entre le FIR compagnie des circaètes. l’Aude. Elle montre un circaète doté proies plus inhabituelles comme les et la LPO, la revue revient 6h30, le jour n’est pas encore levé, la de deux étranges appendices frontaux. campagnols (en Israël, les circaètes sur 50 ans de protection femelle pousse de petits cris…. Je suis en Après une minutieuse observation, Jeansuivent les tracteurs lors des labours : des rapaces et sur le bilan des 10 années place dans ma cachette (au sol ) située Pierre Malafosse fait l’hypothèse d’une http://www.keshet-tv.com/Ambatia/ écoulées. L’occasion de rappeler les dans le vallon où les oiseaux dorment. belette à moitié avalée. MediaPage.aspx?MediaID=27227), les principaux faits d’armes des pionniers Je sais que si les oiseaux fréquentent ce hérissons (mais on ne sait s’il les capture de la protection des rapaces. Le faucon matin leurs reposoirs favoris, ils seront à vivants ou déjà morts), etc. Dans ce pèlerin, emblème du FIR, est à l’honneur. contre jour… bulletin, A.Perthuis relate la capture L’avenir du vautour fauve, autre symbole 7h45, la femelle vient se poser sur un d’un poussin (vanneau probable). Dans du FIR, fait l’objet d’une réflexion de pin situé à cinq mètres dans mon dos; les Cévennes, J-P.Malafosse a aussi la part de spécialistes européens. La elle est à 20 mètres de moi. observé des amphibiens, des rongeurs, situation des nécrophages, évoquée par 8h20, elle s’élance dans le vide et et des oiseaux à l’aire (Cf. Plume n°5). une note sur le percnoptère, un bilan du se branche sur son arbre favori, La belette fait partie de ces proies premier plan national de restauration que j’affûte ; elle est devant moi, occasionnelles : Bruno Berthémy avait vautour moine, et une synthèse sur 30 à 30 mètres. J’ose à peine regarder déjà eu l’occasion, dans les Grands ans de suivi du gypaète dans les Pyrénées, dans la longue vue : ce que je vois est Causses, en 2000, de photographier reste fragile et inquiétante malgré les époustouflant !!! l’apport de ce petit mustélidé à l’aire. succès obtenus. 20 minutes se sont écoulées, les plus Témoignant du dynamisme actuel de la courtes du monde… Elle repart, et protection des rapaces, la mise en place rejoint l’arbre situé dans mon dos. Je des réseaux aigle royal et aigle botté est l’entends pousser de tout petits cris annoncée dans ce numéro. plaintifs alors que le mâle arrive et se Parmi les rapaces diurnes, le milan royal, pose sur son dos pour s’accoupler. le busard cendré, l’aigle de Bonelli, le Encore un accouplement au dessus de faucon crécerellette, le balbuzard, font ma tête, le second en trois ans ! Après l’objet de comptes-rendus des actions quoi, le mâle ira se poser sur l’arbre en cours. La situation fragile de ces mort que j’affûte aussi, celui-là même espèces justifie encore, hélas, l’admirable où il y a trois ans (il était encore vivant), mobilisation dont elles bénéficient, je photographiais la femelle. notamment via la mise en œuvre des 10 minutes de présence du mâle et les plans nationaux de restauration. deux oiseaux disparaissent… Au chapitre nocturnes, une synthèse sur Deux heures se sont écoulées, le coucou l’hivernage 2007-2008 du hibou des arrive à son tour et prend place sur marais, un bilan de 30 ans de suivi de la l’arbre favori de la femelle circaète, il chouette effraie en Bourgogne, et une chante à tue-tête, que du bonheur !!! présentation de la discrète chouette de Tengmalm illustre l’étendue du domaine d’action des héritiers du FIR. A la rubrique internationale, outre les brèves d’actualité, des comptes rendus de voyage nous transportent à la rencontre de la chouette lapone, du faucon d’Éléonore et de la buse pattue. Dans la voie tracée par nos prédécesseurs, la conservation des rapaces reste une affaire de passion, de curiosité et d’échanges, qui se joue à l’échelle internationale. • Renaud Nadal • LPO Mission Rapaces • Christian Aussaguel aussaguel.christian@wanadoo.fr Une apparition divine… Photo : C.Aussaguel Belette transportée dans le bec. Photo : A.Willer Transport dans les serres. Photo : B.Berthémy La plume du circaète n°6 LPO Mission Rapaces Septembre 2008 15 2nd Rencontres du réseau Circaète : 8 et 9 novembre dans le Lot Trois années se sont écoulées depuis la première rencontre du réseau national Circaète à Langeac (Haute-Loire). Le moment est venu de nous retrouver à nouveau pour raffermir nos liens, discourir sur notre sujet commun de passion, faire état de nos recherches et observations, nouer de nouvelles relations. Nos retrouvailles se feront cette année dans le nord-ouest du département du Lot – haut lieu du Circaète en France -, à Nadaillac-deRouge. Une dimension internationale est donnée à cette rencontre puisque les italiens, et les espagnols sont invités à y participer. A l’instar de la précédente, cette réunion se veut simple, non protocolaire, indemne de pédantisme, conviviale et empreinte de qualité. Elle est ouverte à tout observateur passionné. Connaissant la plupart d’entre vous, je n’ai ici aucun doute quant à sa réussite. A bientôt donc à Nadaillac, et au plaisir de se revoir. • Bernard Joubert Rendez-vous ornithologiques Formation à la migration La LPO Aquitaine et Organbidexka Col Libre proposent une formation à l’étude de la migration des oiseaux du 11 au 19 octobre, sur le site d’Organbidexka. Pour tous renseignements et informations, contactez Jean-Paul Urcun (ocl.jeanpaulurcun@neuf.fr ; 05.59.65.97.13) 24e Colloque Festival de Ménigoute Le 24e festival du film ornithologique se tiendra du 28 octobre au 2 novembre 2008 à Ménigoute, dans les DeuxSèvres. Programme et inscription sur http://www.menigoute-festival.org/ 2e Rencontres Grand-duc Pour la seconde année consécutive, le réseau grand-duc se réunira le 22 novembre, dans la Loire, à la Maison de la réserve des Gorges de la Loire (St Victor sur Loire). Pour plus d’informations, contactez la LPO Loire (patrick.balluet@wanadoo. fr) ou la LPO mission rapaces (renaud. nadal@lpo.fr). 15e Rencontres Busards Le réseau busard est invité à se réunir à Vitré, dans les Deux-Sèvres, les 28, 29 et 30 novembre prochains. Pour vous inscrire : http://busards.lpo.fr 16 La plume du circaète n°6 Pour plus d’informations, contactez le GODS (xavier@ornitho79.org) ou la LPO mission rapaces (renaud. nadal@lpo.fr). 32e Colloque francophone d’ornithologie Le 32e Colloque francophone d’ornithologie se tiendra les 13 et 14 décembre 2008 à la bibliothèque nationale François Mitterrand, à Paris. Pour tous renseignements, contactez Emeline Langlet (emeline.langlet@lpo.fr). Pour vous inscrire : www.ile-de-france.lpo.fr Colloque Milan royal Un colloque international consacré au milan royal aura lieu en Franche-Comté, du 28 février au 1 mars. Pour plus d’informations, contactez la LPO Franche-Comté (jean-philippe. paul@lpo.fr) ou la LPO mission rapaces (fabienne.david@lpo.fr) 10e Rencontres Chevêche Tous les passionnés de France, de Suisse, de Belgique et d’ailleurs, sont attendus les 8 et 9 mars 2009 à Joué l’Abbé, dans la Sarthe. Pour plus d’informations, contactez la LPO Sarthe (jean-yves.renvoise@wanadoo. fr) ou la LPO mission rapaces (renaud. nadal@lpo.fr). Pour vous inscrire : http:// cheveche.lpo.fr/ LPO Mission Rapaces Septembre 2008 L’artiste, resté proche du circaète. Photo : M.Belaud Un gallicophile polyvalent Michel Belaud…on lui doit notamment la découverte du passage migratoire au fort de la Revère, les illustrations dans le BT consacré au circaète (n°1145-février 2003), et une implication associative exemplaire en faveur des rapaces (coordination de l’atlas départemental des rapaces nicheurs et du groupe d’étude de l’aigle royal). Photographe, dessinateur, peintre, sculpteur, ornithologue, passionné de migration et de circaète…Michel Belaud, après avoir passé quelques années dans le dessin industriel, est aujourd’hui un artiste reconnu. Ses sculptures d’oiseaux, mammifères et poissons à taille réelle, sur bois, polystyrène, plâtre sont exposées dans de nombreuses manifestations naturalistes. Pour avoir un aperçu de ses œuvres, visiter l’arboretum de Roure (Alpes-Maritimes) où ses sculptures sont mises en scène, ou consulter le site Internet : www.fauneart.com • Renaud Nadal renaud.nadal@yahoo.fr La plume du circaète Bulletin réalisé et édité par la mission rapaces de la LPO Conception et réalisation : LPO mission rapaces Bernard Joubert Renaud Nadal Yvan Tariel Tel : 01 53 58 58 38 Fax : 01 53 58 58 39 62 rue Bargue, 75015 Paris rapaces@lpo.fr: Relecture : Bernard Joubert et Jean-Pierre Malafosse Photo de couverture : Bruno Berthémy. Création / composition : la tomate bleue LPO © 2008