MALAFOSSE JP, MALAFOSSE I. 2017
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SUIVI DES RAPACES FORESTIERS EN LOZÈRE ET DANS LE PARC NATIONAL DES CÉVENNES : LE CIRCAÈTE JEAN-LE-BLANC Résultats pour 2017 Jean-Pierre et Isabelle MALAFOSSE Parc national des Cévennes 1SUIVI DES RAPACES FORESTIERS EN LOZÈRE ET DANS LE PARC NATIONAL DES CÉVENNES : LE CIRCAÈTE JEAN-LE-BLANC Résultats pour 2017 Belle année pour nos circaètes cévenols. Un printemps clément et un été chaud, rien que du bonheur (deux phrases rédigées sans verbe mais c’est le ressenti qui compte). I) – Inventaire : Cette année, nous avons revu la répartition des couples dans les catégories certains, probables et possibles pour notre population. Les habitués du bilan annuel verront les chiffres modifiés. Ils reflètent mieux notre connaissance actuelle avec le suivi plus réduit de certains couples, la disparition possible d’autres. Nous ne changeons rien dans les effectifs globaux mais une révision devra sans doute se faire après 20 ans de suivi. Les tableaux ci-dessous présentent les effectifs et densités retenus pour la zone d’étude en 2017. Secteurs biogéographiques Certains Probables Possibles Total Cévennes (CEV) 30 11 15 56 Causses (CAU) 31 16 16 63 Aigoual (AIG) 20 23 5 48 Mt Lozère (LOZ) 9 8 14 31 Aubrac (AUB) 2 14 – 16 Total général 92 72 50 214 Tableau n° 1 : inventaire, par secteur et sur la zone générale d’étude des couples nicheurs de circaète (couples certains, probables et possibles.) Secteurs couples couples couples total Biogéo… certains probables possibles C évennes 30 11 15 56 Causses 31 16 16 63 Aigoual 20 23 5 48 M t Lozère 9 8 14 31 ZONE 90 58 50 198 superficie (ha) 60 000 90 000 45 000 70 000 265 000 Nb cple pour Nb ha/cple 100km2 9,33 1071 7 1429 10,67 937 4,43 2258 7,47 1338 Tableau n° 2 : inventaire des couples et densités sur quatre secteurs biogéographiques du Parc national des Cévennes en 2017. 2II) – Reproduction 81 sites contrôlés en 2017 représentent 49% des 164 connus (révision 2017). Seuls six sites n’étaient pas occupés lors du passage; ce qui maintient à un bon niveau le taux d’occupation des sites de reproduction (90%). Ce taux global nous intéresse tout particulièrement pour déceler une éventuelle fluctuation (à la baisse) du nombre de couple présent. Ce chiffre imparfait oscille entre 80 et 95% d’une année à l’autre. Le tableau n°3 présente les résultats de la reproduction par zone biogéographique et pour tous les couples suivis en 2017 (nombres entre parenthèse). Ces résultats portent sur trois paramètres que sont la ponte, l’éclosion et l’envol. Ils précisent, pour les couples suivis, le nombre d’œufs pondus, le nombre de poussins éclos et le nombre de jeunes à l’envol ainsi que le taux moyen calculé pour ces trois paramètres. Cévennes (14 couples) Causses (12 couples) – Ponte : 15 sur 15 = 1 – Ponte : 12 sur 12 = 1 – Éclosion : 13 sur 13 = 1 – Éclosion : 09 sur 12 = 0,75 – Envol : 11 sur 14 = 0,79 – Envol : 07 sur 12 = 0,58 Aigoual (09 couples) Mt Lozère (09 couples) – Ponte : 09 sur 09 = 1 – Ponte : 08 sur 09 = 0,88 – Éclosion : 08 sur 09 = 0,89 – Éclosion : 06 sur 09= 0,66 – Envol : 06 sur 09 = 0,67 – Envol : 05 sur 07 = 0,66 Tous les secteurs (44 couples) – Ponte : 44 sur 45 = 0,98 – Éclosion : 36 sur 43 = 0,84 – Envol : 30 sur 44 = 0,68 Tableau n° 3 : bilan de la reproduction pour 44 couples suivis en 2017 et détail pour les quatre secteurs biogéographiques. Pour plus de précisions, voir le texte ci-dessus. Rappel du taux de reproduction pour les années précédentes: 1992 = 0,33 (N=15) 1993 = 0,66 (N=15) 1994 = 0,47 (N=17) 1995 = 0,78 (N=27) 1996 = 0,65 (N=37) 1997 = 0,40 (N=35) 1998 = 0,64 (N=33) 1999 = 0,71 (N=38) 2000 = 0,58 (N=59) 2001 = 0,57 (N=67) 2002 = 0.52 (N=62) 2003 = 0,59 (N=61) 2004 = 0,31 (N=64) 2005 = 0,54 (N=48) 2006 = 0,79 (N=42) 2007 = 0,56 (N=48) 2008 = 0,50 (N=56) 2009 = 0,41 (N=49) 2010 = 0,22 (N=50) 2016 = 0,45 (N=44) 2011 = 0,42 (N=50) 2017 = 0,68 (N=44) 2012 = 0,23 (N=53) 2013 = 0,41 (N=49) 2014 = 0,69 (N=52) 2015 = 0,74 (N=38) Moyenne sur 26 ans = 0,54 juv. / Couple (N=1152 cycles) 3Comme en 2016, nous avons pu suivre cette année 44 couples de circaète. A leur arrivée en mars, les oiseaux n’ont pas rencontré de difficulté particulière et quasiment tous les couples ont déposé leur ponte. Par la suite les conditions sont restées favorables avec des précipitations faibles, un nombre de jours arrosés peu important et aucune période de brouillard notable. 30 poussins se sont envolés, portant à 68% le nombre de couples producteurs en 2017. -Date moyenne de ponte en 2017 : 15 avril (N=22). sub-title Evolution de la date moyenne de ponte 30/4 25/4 20/4 15/4 10/4 5/4 31/3 Graphique 1 : Evolution de la date moyenne de ponte sur 23 ans. Moyenne générale 14 avril (N=498) sub-title 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 N Jours de pluie X10 Hauteurs d’eau en mm Graphique 2 : Pluviométrie (en mm) et nombre jours de pluie (multipliés par 10) en 2017 (Saint Etienne du Valdonnez -48-). Les pontes s’étalent régulièrement sur le mois d’avril entre le 2 et le 29. Nous avons observé une ponte tardive déposée le 10 mai mais aucune fin mars en 2017. Le poussin de la ponte tardive ne s’est pas envolé, il a très probablement été emporté par un prédateur. Ce couple c’est nouvellement formé sur la base de deux mâles et une femelle (deux mâles 4courtisant la femelle en début de saison), ce qui justifie la ponte tardive. Sur un autre site nous avons également observé un trio de circaète (deux mâles et une femelle) avec échec probable. Nous avons répertorié deux autres cas de prédation identifiées sur des jeunes à l’aire, une attribuée à l’Autour des palombes et l’autre à l’Aigle royal ou au Hibou Grand-duc. En ce qui concerne ce dernier cas, le jeune était très grand et proche de l’envol (âgé de 8 semaines au moins) et la plumée observée sur l’aire montre qu’il ne s’est pas beaucoup défendu face à un prédateur puissant. 14 échecs ont affecté nos couples reproducteurs en 2017. Cinq sont indéterminés et les neuf autres se répartissent comme suit : – Abstention – Lié au couple – Chute d’aire – Dérangement – Prédation – œuf clair : 01 : 01 : 01 : 01 : 04 : 01 Suivi de trois paramètres de la reproduction du Circaète Jean-le- Blanc dans les Cévennes (N=1059 cycles) 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Graphique 3 : Suivi de la reproduction de 1995 à 2017. En noir la ponte, en rose l’éclosion et en jaune le taux moyen annuel d’envol. Variation du taux de reproduction annuel chez le Circaète Jean le Blanc dans les Cévennes N= 1156 cycles 1 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Années de reproduction Graphique 4 : Variation du taux annuel de reproduction chez le Circaète Jean-le-blanc dans les Cévennes de 1991 à 2017. 5III) – Régime alimentaire du jeune circaète à l’aire : Nous avons observé peu de proies sur les aires cette année et n’avons fait aucun affut d’observation pour les identifier. Seules six proies supplémentaires viennent compléter le régime alimentaire global du jeune en 2017. Voir tableau N°4. COULEUVRES 276 C. d’esculape C. verte et jaune C. à collier C. de Montpellier C. vipérine C. girondine C. lisse C. (sp) VIPÈRE ASPIC OPHIDIENS (sp) LÉZARDS VERTS ORVETS 53 85 16 36 3 1 3 79 (3) (1) (1) 36 18 21 21 (1) 7 1 5 3 1 1 13 3 4 7 HÉRISSONS TAUPE CAMPAGNOLS (sp) CAMPAGNOLS TERRESTRES LIEVRE (juv) LAPIN (juv) RONGEURS (sp) GRENOUILLE ROUSSE CRAPAUD OISEAUX Tableau n°4 : synthèse du régime alimentaire des poussins de 1991 à 2017 (N=417). Entre parenthèses : les proies relevées en 2017. IV) – Suivi des oiseaux bagués : Le programme de baguage étant terminé nous n’avons bagué aucun des trente poussins observés cette année. Observations d’oiseaux bagués en 2017 : Cette année, nous avons sept observations d’oiseaux vivants bagués sur notre zone d’étude. Six ont pu être identifiés et pour le septième nous connaissons au moins son âge précis. Quatre oiseaux avaient déjà été observés au moins une fois et trois autres sont nouveaux pour notre base de suivi des oiseaux marqués. 6-Les oiseaux identifiés vivants déjà observés par le passé ou suivis régulièrement : -Une année de plus pour notre doyen cévenols âgé de 21 ans cette année (22éme année civile) et suivi non stop depuis 2006 sur son site de reproduction. Nous l’avons observé chassant non loin de l’aire une soirée de mai vers 19h15. Le couple a mené à bien sa reproduction cette année. -18 ans (19 AC) pour notre deuxième mâle nicheur. Cette année enfin, l’aire de son couple a été découverte par Jean-Michel TISNE dans un secteur extrêmement escarpé des gorges du Tarn et non loin de là où toutes les observations de cet oiseau ont été faites depuis 2006 (il était alors âgé de sept ans et déjà nous le supposions nicheur local.) Cet oiseau c’est établi à 5,5 kilomètres de son lieu de naissance. Malheureusement cette année son jeune a été tué et mangé par un Aigle royal ou un Hibou Grand-duc à un âge très avancé et proche de l’envol. -17 ans (18 AC) pour un troisième mâle, probablement nicheur en vallée borgne dans les Cévennes. Une troisième observation pour cet oiseau en chasse et magnifiquement photographié par Michel REYNE. Il a perdu une bague colorée mais la comparaison de photos permet de le reconnaitre à son plumage. Aire non connue pour l’instant (voir photo ci-dessous). -Le quatrième oiseau revu est ce mâle non identifié mais dont l’âge est connu : sept ans (8 AC). Nous l’avons photographié en chasse au même endroit qu’en 2015, ce qui renforce l’idée d’un nicheur local à trouver. Photo N°1 : Mâle 17 ans. -Les oiseaux nouvellement observés vivants : – Le premier est une femelle de trois ans (4 AC) revue à Les Estables en Haute-Loire. Photographiée en juin 2017 par Christophe CHAIZE, elle est issue du centre du Causse Méjean, non loin du Hameau de Mas Saint Chely, 97 km plus au sud ouest. La mue est bien visible sur cet oiseau (voir photo N°2.- Le suivant est un mâle de trois ans (4 AC) également, né au sud-est du causse Méjean sur la commune de Fraissinet de Fourques. Il a été photographié par Renaud NADAL, sur la commune de Revens dans le Gard, à environ 25 km au sud-ouest de son lieu de naissance. 7- Le troisième circaète et une femelle de sept ans (8 AC), très probablement nicheuse dans le secteur et photographiée par Serge COLIN près de Roucabies dans le Gard (voir les photos 3 et 4 ci- dessous). Non loin d’un couple connu, elle sera à confirmer sur ce site en 2018. Photo N°2 : Femelle de trois ans Michel CHAIZE Photo N°3 : Femelle de sept ans. Serge COLIN 8Photo N°4 : Femelle de sept ans Serge COLIN V) – Comportement, anecdotes : Chute du nid encore et encore. L’histoire continue pour ce couple de Chausserans qui semble vraiment devoir faire un stage de construction d’aire. En 2014, nous avions raconté le sauvetage du jeune tombé de l’aire (voir bilan 2014). En 2015, le couple ne niche pas. En 2016, il change d’arbre mais l’aire se casse la figure avec l’œuf. Cette année, le couple change un peu de secteur et va construire son aire dans des Pins sylvestres robustes et tout semble réglé. Hé bien non ! Voilà encore que lors de la visite du site le 24 juin nous n’arrivons pas à trouver l’aire, malgré des repérages soignés et un survol de la femelle avec un serpent dans le bec. Un deuxième passage le 27 juin nous amène sur l’endroit présumé du nid et nous trouvons bien l’aire mais par terre ! « Comme d’habitude dirais-je ». Le jeune est là au pied de l’arbre en bonne forme, âgé de 4 semaines environ. Nous pouvons voir que non seulement les adultes l’on bien nourri au sol mais qu’ils ont également apporté des matériaux verts autour de lui (Pin sylvestre, Erable champêtre et Chêne blanc). Le bois est assez dense et la circulation des adultes ne doit pas être facile. Pourtant ils viennent bien le voir régulièrement. Comme en 2014, nous décidons de faire une aire artificielle pour isoler le jeune du sol. Impossible de refaire un nid dans le grand pin d’origine (trop compliqué), nous faisons donc comme en 2014 une aire à 1,5 mètre du sol. Un mois plus tard environ, nous revenons voir si le jeune a survécu. Arrivés à quelques dizaines de mètres de l’aire, le jeune se met à crier pour annoncer l’arrivée d’un adulte. Nous ne bougeons plus et le nourrissage se fait dans les règles avec grands cris du jeune. L’adulte repart en louvoyant entre les troncs, passe à quelques mètres de nous et file dans la pente. Il ne nous a pas vus. Nous allons rendre visite au jeune qui est encore sur son aire de fortune. Elle a tenu le coup. Près de lui deux grosses couleuvres (une verte et jaune de 116cm et 170g, une à collier de 92cm et 195g que l’adulte vient d’apporter) preuve que la nourriture ne manque pas. Une autre couleuvre verte et jaune est tombée de l’aire et pourrie au sol. Nous l’écartons pour qu’un prédateur ne soit pas attiré par l’odeur. Nous mesurons le jeune, il pèse 1600g, tout va bien. Nous « retapons » une dernière fois l’aire et repartons 9rapidement. Le jeune s’est envolé mais espérons que l’année prochaine nous n’aurons pas à renouveler l’opération. Les circaètes se montrent très attachés à leur jeune et ne l’abandonnent pas malgré une chute de l’aire. Dans notre région (très venteuse et où les arbres sont parfois petits et souples), nous avons observé à plusieurs reprises ce phénomène. A chaque fois le couple a pris en charge son jeune en détresse et accédé à l’aire artificielle sans aucune hésitation. Dans d’autres cas la chute est fatale directement ou les prédateurs emportent le jeune sans laisser de trace. Photo N°5 : le jeune à terre entouré de quelques apports verts. Photo N°6 : l’aire de fortune avec Thérèse et Florestan. 10Photo N°7 : Le jeune âgé d’environ 8 semaines Au revoir Christian : Décembre 2017 nous aura attristé par le départ soudain de notre Ami Christian Aussaguel. Le monde Naturaliste perd un grand défenseur de la cause animale et un photographe hors pair. Ses clichés exceptionnels nous rendaient humbles dans nos réalisations et nous laissaient sans voix devant tant de beauté. Au cours de nos brèves rencontres, il avait toujours le mot agréable et le sourire complice lors des grandes discussions sur les circaètes. Enfin il savait glisser à chaque fois dans le panier des amis, un ou deux pots de son fameux pâté « aussaguel » que l’on dégustait au retour en famille, histoire de prolonger les instants de plaisir jusqu’à la prochaine rencontre. Christian laissera un grand vide dans notre cœur mais pas dans notre esprit car la vie continue et il restera présent à chaque fois que la Nature nous fera vibrer ou aura besoin de nous. Le poème annuel lui est dédié et illustré par ses images. Nous pensons fort à sa famille et à ses Amis. 11Les yeux du circaète ( Gorges de la Jonte, 25-VIII-06 ) blanc et brun un léger hochement de la tête Jean le blanc es – tu resté des heures dans la fumée et la couronne de plumes où se fixe doré un regard parallèle et glacé déshabillant l’adret où se joue le mystère du reflet d’un serpent !? Jean Bonnet 12Le suivi 2016 a été effectué avec la collaboration de : – pour le Causse – pour l’Aigoual : L. CAUSSADE, B. LAMARCHE, E. MARTIN, H. PIC, J.M. TISNE : N. BRUCE, G. COSTES, B. DESCAVES, G. KARCZEWSKI, J.L. PINNA, B. RICAU – pour les Cévennes : J. BOYER, R. BARRAUD, I. HENRY, E. HERAULT, T. NORE, V. QUILLARD, – pour le Mont Lozère : A. AVESQUE, B. DEFRESNES, D. HENNEBAUT. Tèl: 04-66-48-05-47 Mail: malafossejeanpierre@orange.fr Jean-Pierre et Isabelle MALAFOSSE Route de Bassy 48 000 St Etienne du Valdonnez 13

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