La Plume du Circaète, April 2009
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Sommaire 2e rencontres Circaète Nadaillac-de-Rouge (Lot) Novembre 2008 Résumés des interventions Animation du réseau national Premiers résultats des suivis dans le Lot Etude et protection dans les Cévennes Exemples de régulation démographique Etude de la migration à Gibraltar 30 ans de suivi en Italie Analyse bibliographique Les lacs de St-Namphaise Vidéo amateur Emission radio Viticulture et circaète 2 3 4 8 9 9 10 11 11 11 12 n° 7 – Avril 2009 Edito Bio – diversité Ils étaient venus, ils étaient (presque) tous là. Tous ceux du sud du 45e parallèle … et quelques-uns de plus en haut. Sans aucun doute, Nadaillac restera dans la mémoire collective des gallicophiles comme un repère des plus plaisants. L’idée première qui vient à l’esprit lorsqu’on songe à cette seconde rencontre d’amateurs de circaète sur les terres lotoises de Nicolas Savine, Thierry Gabet, et Renaud Nadal, est celle de la diversité. Diversité des personnes, diversité des accents, diversité des origines géographiques (15 départements et 3 pays représentés), diversité des langues. Et également diversité des connaissances, des pratiques de terrain, des vécus, des recherches, des lieux d’observation. Biodiversité en quelque sorte, mais cependant unité de la passion portée au fabuleux oiseau. Au fil des conversations, des échanges et des communications, la diversité des individus circaètes s’imposait elle aussi. Heureuse convergence entre l’homme et l’oiseau. La passion pour l’un a noué des liens chez les autres. A Nadaillac, il y avait la passion de communiquer, celle de donner et de recevoir. Chacun, sans prétention aucune, a apporté sa parcelle de connaissance à l’autre. Et chacun a reçu de l’autre, avec humilité et reconnaissance, ce morceau d’expérience et de savoir. La valeur de notre rencontre fut encore rehaussée par les présences de Béatriz (Espagne), de Francesco (Italie) et de Michel Terrasse. Celle de Michel, artisan de la première heure de la protection des rapaces en France, témoignait de l’intérêt qu’il porte à notre réseau. Qu’il soit ici remercié. Diversité donc. Comment conclure autrement qu’en empruntant une remarque avisée écrite il y a presque trois siècles par La Motte Houdard ? Elle est tellement contemporaine, et dit en peu de mots tout l’esprit de Nadaillac : « C’est un grand agrément que la diversité. Nous sommes bien comme nous sommes. Donnez le même esprit aux hommes ; Vous ôtez tout le sel de la société. L’ennui nâquit un jour de l’uniformité.*» • Bernard Joubert * Les fables nouvelles (1719) : les amis trop d’accord. La plume du circaète n°7 – LPO Mission Rapaces – Avril 2009 1 Synthèses des 2e rencontres du réseau Circaète Animation du réseau Circaète : outils de communication et perspectives Les outils du réseau Les bilans des suivis réalisés par le réseau circaète sont intégrés depuis 2002 aux cahiers de la surveillance. La forte augmentation des couples suivis et des départements concernés témoigne de l’intérêt des naturalistes pour cette espèce. En 2008, 29 départements étaient concernés par ce suivi (contre 6 en 2002, et 21 en 2003). Le nombre de surveillants impliqués passe de 15 en 2002 (45 en 2003) à 101 en 2008. Le nombre de couples contrôlés a plus que doublé (113 en 2002 et 257 en 2008) pour représenter aujourd’hui environ 10 % de la population nationale ! La Plume du Circaète, bulletin de liaison du réseau circaète, est réalisée annuellement depuis 2003. Il a pour vocation de favoriser les échanges entre les membres du réseau, de centraliser les informations et connaissances sur l’espèce, et de faciliter l’implication de nouveaux surveillants. Les colonnes sont ouvertes à tous les membres du réseau pour relater une observation inhabituelle, une expérience, un bilan de suivi, etc. La participation de tous les naturalistes intéressés et impliqués dans la conservation du circaète est donc souhaitée. Outre ce bulletin, la monographie de B. Joubert « Le Circaète Jean-le- Blanc » parue chez Eveil Nature constitue un ouvrage de référence. Il existe également un BT très complet (éd.PEMF) réalisé par J-P. Malafosse et paru en 2003. Une brochure destinée aux exploitants forestiers dans la collection « Connaissance et protection des oiseaux-précautions sylvicoles », 2 La plume du circaète n°7 – réalisée par B. Joubert, est disponible auprès de la LPO. Les articles de Y. Boudoint et B. Joubert parus dans la revue Alauda sont également disponibles auprès de la LPO Mission Rapaces. Enfin, une exposition (cinq panneaux) consacrée au circaète est également disponible auprès de la LPO Mission Rapaces. Une mobilisation exemplaire et essentielle Le circaète ne bénéficie pas comme le balbuzard, le milan royal ou les vautours d’un plan national de restauration. Le Ministère de l’écologie ne soutient donc pas l’animation nationale du réseau, tout comme les Direns ne soutiennent pas non plus les suivis et actions de conservation mis en œuvre par les passionnés. La mobilisation des naturalistes et l’animation du réseau sont cependant primordiaux. La veille d’une espèce permet de déceler et de réagir à une baisse des effectifs et/ou à une dégradation des habitats. La coordination nationale doit permettre de soutenir les actions menées localement : en diffusant les diverses expériences acquises par les membres du réseau d’une part, et en mobilisant les acquis des autres réseaux d’autre part. Le réseau circaète en France est particulièrement actif, et ce dynamisme doit être un gage de sécurité pour l’avenir du circaète. La compétence et l’énergie des deux coordinateurs, Bernard Joubert et Jean-Pierre Malafosse, sont déjà une garantie pour la cohésion et la pérennité de la mobilisation nationale. Le circaète dans le département du Lot : estimation des effectifs et premières données de suivis Historique et résultats du recensement de la population nicheuse Le recensement des sites de nidification du Circaète Jean- le-Blanc dans le Lot a été initié au début de la décennie 1980, par L. Joubert et V. Heaulmé, correspondants locaux du FIR chargés de la coordination de la surveillance faucon pèlerin dans ce département. Depuis il s’est poursuivi à la faveur d’inventaires naturalistes réalisés pour le compte de l’Association de préfiguration de Parc naturel régional des Causses du Quercy et surtout de nombreuses prospections effectuées dans le cadre d’actions engagées ou coordonnées par l’association Lot Nature : contribution à l’inventaire des Zones naturelles d’intérêt faunistique et floristique (ZNIEFF), projet d’Atlas des oiseaux nicheurs du Lot, inventaire des zones à forte sensibilité avifaunistique vis-à-vis du réseau électrique aérien. Au total, sur 195 sites lotois paraissant favorables contrôlés au moins une fois depuis le début des années 1980, pas moins de 91 ont fourni des indices d’occupation par l’espèce. Sur la base de l’expérience acquise, l’analyse sur cartes ou photos aériennes des secteurs paraissant favorables à la nidification et encore insuffisamment prospectés permet d’évaluer à une dizaine le nombre de couples nicheurs supplémentaires restant à trouver sur le département. La population nicheuse lotoise actuelle peut ainsi être estimée à 70-93 couples, soit une fourchette arrondie à 70/90 couples. Ce chiffre important situe le Lot à la 9e ou 10e place (avant ou après l’Aveyron) des départements français classés par ordre décroissant d’abondance absolue en couples nicheurs (Malafosse J-P. et Joubert B. 2004 « Circaète Jean-le-Blanc » in Thiollay et Bretagnolle (coord.), Rapaces nicheurs de France). Prospections et suivis de la reproduction entre 1999 et 2008 Depuis 1999, des prospections ont été menées sur 113 sites comprenant des secteurs bien connus, des secteurs anciennement connus qui nécessitaient une vérification et des secteurs non connus, potentiellement favorables. L’essentiel de la population lotoise et la totalité des sites de reproduction suivis se situent dans les zones calcaires du département. 47 sites occupés par l’espèce ont fait l’objet d’un suivi de la reproduction et de différentes mesures concernant leurs caractéristiques. Compte tenu de contraintes matérielles diverses (faible nombre d’observateurs, distances à parcourir, etc.), il n’a pas toujours été possible de recueillir des données certaines sur le 70 60 50 40 30 20 10 Les menaces 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 La population lotoise de circaètes, si elle reste importante, n’en est pas Evolution du nombre de sites prospectés de 1999 à 2008. N.Savine La plume du circaète déroulement de la reproduction de certains couples qui ont échoués. Ainsi, le taux d’abstention, le nombre de pontes et même le nombre de poussins éclos n’ont pas toujours pu être renseignés. En revanche, les données concernant les nombres de couples présents et de jeunes envolés ont pu être obtenues. Les causes des échecs ont pu être identifiées dans 51% des cas : abstention pour 13 d’entre eux, un œuf non éclos, quatre disparitions de poussin au cours de leur premier mois d’existence. La productivité annuelle (nombre de jeunes envolé/nombre de couples suivis) a atteint la valeur maximale de 1 en 2001, année où chacun des 12 couples suivis a mené un jeune à l’envol. Sur la période 2001-2008, sa valeur la plus faible (0,37) a été enregistrée en 2004, imputable à des conditions météorologiques particulièrement mauvaises en début de printemps. Sur l’ensemble de la période de suivi, la productivité moyenne a été de 0,58 (n=198) soit une valeur comparable à celles relevées en Haute-Loire (Joubert, B. 2003. Bilan 2003 en haute-Loire. La Plume de circaète n°2) et en Lozère (Malafosse J-P. et Joubert B. 2004 « Circaète Jean- le-Blanc» in Thiollay et Bretagnolle (ccord.), Rapaces nicheurs de France). Les changements interannuels d’aires ont été relativement peu fréquents sur l’échantillon de population étudié. Un changement d’aire systématique tous les ans pendant six ans a été noté sur un seul site. Le maximum de fidélité est détenu par un couple qui a utilisé sept ans de suite avec succès la même aire. Différentes données ont été recueillies concernant la localisation et la nature des arbres supports, ainsi que les caractéristiques des aires. Les résultats sont pour le moment encore provisoires. n°7 – LPO Mission Rapaces – Avril 2009 3 pleine nature : moto verte, VTT, randonnées pédestre et équestre, etc. – les risques de déboisement liés à l’augmentation prévisible de la demande en bois de chauffage – les dérangements divers, y compris par des « ornithologues» et/ou photographes. Site lotois visité par les participants – photo : Nicolas Savine moins en nette voie de fragilisation sous l’effet d’impacts anthropiques grandissants, au premier rang desquels figurent : – la réalisation d’aménagements comme notamment l’autoroute A20, des carrières, etc. – le développement anarchique de l’urbanisation. – les défrichements agricoles (développement de truffières, cultures à gibier, desserte, etc. – la présence de lignes électriques dangereuses non encore protégées. – les dérangements consécutifs au développement des loisirs de Remerciements aux différentes personnes ayant fourni des informations ou participé au suivi : S. et F. Bosc, N. Cennac, M. Esslinger, Th. et M. Gabet, Ch. Goujon, V. Heaulmé, L. Joubert, T. Lafranchis, S. et R. Lorsignol, Ph. Tyssandier. • Nicolas Savine be.savine@wanadoo.fr Etude et protection dans les Cévennes Situé au sud du massif central, le Parc national des Cévennes est établi au confluent de quatre départements : la Lozère, le Gard, l’Aveyron et l’Ardèche. Ces quatre départements font partie des territoires abritant une très bonne population de circaète. En 1993, le Parc national des Cévennes décide d’inscrire le circaète au programme d’inventaire et de suivi en tant qu’espèce prioritaire. Cet inventaire a pour but principal la protection du circaète, pendant la période de reproduction, en sensibilisant les divers utilisateurs de l’espace. Cette action est actuellement bien avancée même si des efforts doivent encore se poursuivre. Le travail des agents de terrain du Parc national a été déterminant pour atteindre un niveau de connaissance quasi exhaustif de l’effectif de notre population.Parallèlement, nous avons débuté en 1992 une étude structurée ayant pour but de compléter la connaissance de l’espèce. Dans un premier temps, le programme a porté sur la biologie de la reproduction, l’utilisation de l’espace, le régime alimentaire du jeune. En 1995, sous l’égide du 4 La plume du circaète n°7 – CRBPO avec l’appui scientifique du Parc national des Cévennes et de l’EPHE de Montpellier, nous commençons un programme personnel de baguage, utilisant des bagues colorées et devant permettre d’aborder divers éléments de la dynamique des populations. Des recherches sur la détermination de l’âge et du sexe du poussin par la biométrie, des observations sur le comportement viennent compléter ce travail de longue haleine. La zone d’étude Essentiellement centrée sur la moitié sud du département de la Lozère, notre zone d’étude déborde timidement sur le sud- est de l’Aveyron et un quart de sa superficie, constitué par l’Aigoual sud et les Cévennes méridionales, se situe dans le nord-ouest du département du Gard. Cette vaste zone présentant des caractéristiques écologiques différentes, elle a été découpée en quatre secteurs biogéographiques : Les Causses : Le faciès présenté par ce secteur, est celui de vastes plateaux calcaires, entaillés par LPO Mission Rapaces – Avril 2009 les profonds canyons du Tarn, de la Jonte et du Tarnon. La couverture forestière dominée par le pin sylvestre (Pinus sylvestris) et le chêne pubescent (Quercus pubescens) est très inégalement répartie. L’altitude varie d’ouest en est de 900 à 1 200 mètres. La superficie du secteur Causses est d’environ 80 000 ha. Le Mont Lozère : d’aspect plus montagneux mais aux formes arrondies, le Mont Lozère possède un réseau hydrographique un peu plus important. La roche dominante est le granite. Les altitudes y sont plus élevées avec un point culminant à 1 700 mètres au sommet de finiels. La couverture forestière constituée de pins (Pinus sp.), de sapins (Abies alba) et de hêtres (Fagus sylvatica) est importante dans les pentes et tend à disparaître sur les parties sommitales du massif. La superficie du secteur Mont Lozère représente environ 70 000 ha. Les Cévennes : dominées par les schistes et fortement soumis à l’érosion, ce secteur présente un relief extrêmement découpé. Cette formation «fractale» de vallées et prédominance de hêtres dans la partie centrale du massif. Le secteur Aigoual s’étend sur 45 000 ha. Les quatre secteurs d’étude totalisent une superficie d’environ 265 000 ha et englobent la totalité de la zone cœur du Parc national des Cévennes. Inventaire des couples et protection En ce qui nous concerne, l’inventaire des couples est la base essentielle pour assurer la protection des sites de nidification et mettre en place un programme d’étude sur la biologie et la dynamique de l’espèce. La très grande fidélité des couples au site de reproduction a facilité la conduite Les secteurs biogéographiques. PN Cévennes de l’inventaire. de crêtes permet la formation d’une Plusieurs sites sont occupés depuis multitude de pentes escarpées plus de vingt ans minimum et un favorables à la nidification site suivi par deux générations des circaètes. Les conditions d’ornithologues, abrite des circaètes écologiques sont très variables, avec depuis quarante ans au moins. des altitudes s’étageant de 300 à Notre population globale est 1 100 mètres et des expositions estimée à 158/184 couples avec des diverses. La végétation est dominée, densités variables selon les secteurs suivant l’exposition et l’altitude par biogéographiques. Cette densité de le chêne vert (Quercus ilex), les pins, 5,96 à 6,94 couples pour 100 km2 les châtaigniers (Castaneus sativa), peut localement, atteindre 12 les hêtres apparaissant dans les couples sur 100 km2. L’ estimation stations les plus froides. Le secteur lors du décompte national de Cévennes couvre environ 60 000 ha. 2000/2001, sur une zone plus Ce secteur est sous influence étendue de 390 000 ha environ, méditeranéenne . déclarait une densité de 146/213 couples. L’Aigoual : ce massif granitique et La mise en place de périmètres schisteux cumule les caractéristiques de quiétude par le Parc national des Cévennes et du Mont Lozère des Cévennes permet d’assurer la avec un relief extrêmement découpé protection des sites de nidification et une altitude notable (point et la tranquillité nécessaire à la culminant à 1 565 mètres au période de reproduction. Cet outil sommet de l’Aigoual). Le climat, de dialogue a permi de faire chuter montagnard sous forte influence de manière très significative les méditerranéenne, n’est pas aussi échecs liés à des dérangements «continental» que celui du Mont (moins de 2 % en 2008). Lozère. La couverture forestière Des relevés, portant sur divers très bien représentée, présente paramètres écologiques , nous une grande variété d’essences tant ont permis d’établir une typologie résineuses que feuillues avec une locale des sites de reproduction. La plume du circaète n°7 Cette typologie sera très utile pour les prospections futures et la protection des sites de nidification. Ces éléments permettront également d’étudier l’organisation et l’utilisation de l’espace cévenol par les circaètes. Biologie de la reproduction Le contrôle annuel (de mars à mai) d’une centaine de sites permet d’observer le taux d’occupation par les couples et d’avoir une idée très superficielle de la stabilité de notre population. Le taux d’occupation de 90/100 % les six premières années (1996 à 2001) est encore de 80/90 % les six années suivantes (2002 à 2007) ; ceci confirme la fidélité au site et autorise l’inventaire des couples sur une dizaine d’années au moins sans risquer les doubles comptages. Par la suite et dans le cadre d’une veille écologique, la moitié environ de ces couples est suivie tout au long de la période de reproduction. L’étalement et la moyenne annuelle de la ponte , déterminés par l’âge du poussin, sont suivis pour leur mise en relation avec les facteurs climatiques. De 1992 à 2008, les dates de ponte s’étalent entre le 23 mars et le 29 mai (extrêmes constatés). Les trois quarts des pontes étant déposés entre le 1er et le 20 avril (73 %). Le schéma de l’étalement des pontes varie annuellement en fonction probablement des conditions climatiques du moment. La moyenne de ponte quand à elle semble nous montrer que le réchaufement climatique global ne touche pas les circaètes. En effet, la courbe de tendance montrerait au contraire un retard régulier dans cette moyenne annuelle. La surveillance du taux de reproduction sur une longue période doit nous renseigner sur les éventuels problèmes que va rencontrer la population localement. La stratégie K de l’espèce dans son mode de reproduction (faible productivité et longévité des adultes) peut masquer des problèmes démographiques actuels que ne va pas mettre en évidence le suivi de l’occupation des sites. – LPO Mission Rapaces – Avril 2009 5 Sur 17 années de suivi, le taux de reproduction oscille autour de 0,6 jeune par couple avec une moyenne de 0,56 pour cette période (N=715 reproductions). Ce résultat est comparable au taux moyen national de 0,54 (N=1259) déclaré par B. Joubert (La plume du Circaète N°6). La courbe de tendance montre une relative stabilité. La détermination des causes d’échec est assez difficile. Sur 307 échecs, 116 sont indéterminés. 30 à 40 % des échecs déterminés semblent liés au couple lui même (état physiologique, compétition intraspécifique…) avec probablement des influences extérieures qui peuvent nous échapper. Il est difficile de tirer des conclusions sur les causes d’échec tant des interactions peuvent apparaître entre les différentes causes. La prédation est assez importante (18 %) et serait probablement plus élevée si l’on tenait compte des échecs indéterminés. Les prédateurs avérés du poussin sont : le grand corbeau (Corvus corax), l’autour des palombes (Accipiter gentilis), l’aigle royal (Aquila chrisaetos) et des carnivores de types grands mustélidés (Martes sp.). Le hibou grand-duc (Bubo bubo) est suspecté d’une prédation sur un adulte. Les dérangements sont en baisse sensible, cela est sans doute dû à la protection des sites. La pénétration du milieu reste toutefois difficile à maîtriser et nombre de disparitions de jeune ou d’abandons peuvent avoir pour cause un dérangement dans les indéterminés. Les œufs clairs (13,5 %) et les chutes d’ aire (16 %) quant à eux devraient baisser légèrement si les indéterminés étaient identifiés. Régime alimentaire du poussin Sans faire l’objet d’une étude poussée et organisée, le régime alimentaire du jeune est issu de la récolte occasionnelle de reliefs alimentaires et de l’observation directe de proies fraîches à l’aire. Nous avons identifié une vingtaine de taxons au minimum sur un total de 311 proies observées. La grande majorité de reptiles (90 %) écrase les autres classes du règne animal. Les mammifères représentent 7 % du régime avec comme surprise la présence de cinq hérissons d’Europe (Erinaceus europeus), proie peu banale pour notre oiseau. Les reptiles sont représentés par dix taxons dont une majorité de couleuvres de grande taille (73 %). La position de notre secteur d’étude le permettant, nous étudions la stratégie et le schéma de la prédation du circaète sur deux zones respectivement sous influence méditerranéenne et non sous influence méditerranéenne. L’importance de certaines espèces est mise en évidence et des similitudes apparaissent dans le schéma de la prédation, mais les observations doivent se poursuivre pour comprendre les relations prédateur/proie/milieu. Baguage Depuis 1995 nous menons un programme de baguage des poussins de circaète avec une autoristion du CRBPO (Centre de recherche sur la biologie des populations d’oiseaux). Notre programme est également déclaré et consultable sur l’unique site internet (privé) coordinateur du marquage coloré en Europe : CR.birding. Il est étonnant que le marquage coloré, nécessitant la plus grande rigueur en terme de respect des espèces concernées et des résultats qui vont être obtenus, soit complètement à la charge des bagueurs bénévoles. L’incapacité ou la non-volonté des Organismes d’état, donnant les autorisations de baguage, à porter l’information sur ces programmes dont ils ont forcément connaissance, risque fort de créer rapidement une situation chaotique pour les programmes concernant des espèces migratrices. Il est urgent que les organismes internationaux (Muséums …) et les bagueurs eux- mêmes prennent conscience de ce problème. La pose de bagues colorées permet d’identifier chaque oiseau à distance et devrait permettre d’apporter quelques réponses à des questions utiles pour le suivi de la dynamique des populations. Depuis le début du programme, 246 poussins ont été marqués individuellement et depuis l’année 2000, nous avons 54 observations d’oiseaux bagués dont 41 ont été Evolution du taux de reproduction (nombre de jeune par couple) de 1992 à 2008. J-P.Malafosse poitrine striée longitudinalement, les parties inférieures plutôt ponctuées que barrées, les culottes et sous caudales souvent immaculées. Les mâles présentent également des nuances grises sur la tête et le dos qui semblent leur être propres, les femelles étant plus brunes. Bagues Darvic et muséum- photo : PNC Mesure des tarses- photo : PNC identifiés. Seulement 27 oiseaux Un tableau, établi par Rémi Destre, différents constituent ces 41 nous permet de connaître l’âge contrôles ou reprises car certains du jeune de manière satisfaisante ont été vus plusieurs fois. et d’utiliser les résultats pour Ces informations permettent définir les dates de ponte. En ce d’ores et déjà d’apporter un qui concerne le sexe, les analyses début de réponse à des questions discriminantes effectuées par Daniel sur : le retour des immatures en Petit, Vincent Jalby et Thérèse Nore première année, l’âge de la première de l’université de Limoges montrent reproduction, la philopatrie, la qu’il est possible de sexer les fidélité au partenaire et au site, la poussins avec une fiabilité de 86 %. polygamie. Ces résultats sont très Si les oiseaux sont sexés à plus de 40 encourageants mais l’établissement jours la précision atteint 90 %. Une de tables de mortalité et de survie comparaison du sexe ratio entre nécessiteront plus d’éléments. les oiseaux sexés de façon certaine Seul un travail coordonné chez par l’ADN et ceux sexés par la les bagueurs de circaète de tous morphométrie montre des résultats horizons permettra d’aboutir assez proches. L’ADN définit un dans ce genre de recherche. ratio de 57 % en faveur des mâles. L’individualisme n’apportera rien… Ce ratio est de 63 % en faveur des bien au contraire. mâles dans le cas du sexage par la Dans un premier temps, une biométrie. D’autres sexages ADN inscription du programme sur viendront affiner ces résultats. CR.birding permettra de se connaître et de s’organiser au mieux. Un cadrage immédiat sera sans doute possible avec l’Italie grâce à l’influence de F. Petretti. Biométrie, morphométrie Parallèlement au baguage, nous relevons une série de mesures biométriques pour essayer de déterminer l’âge et le sexe du poussin. Dix paramètres sont mesurés sur le bec, les ailes et les pattes. Ce travail est complété par un sexage ADN de 95 poussins pour permettre les analyses discriminantes. Ce sexage a été possible et réalisé par Henri Leturc au laboratoire génétique et environnement de l’Institut des sciences de l’évolution à Montpellier. Les analyses en cours permettent de déterminer à deux ou trois jours près l’âge du poussin quel que soit son stade de développement, en suivant la croissance de l’aile pliée. Le sexage des adultes Toxicologie, pathologie Dans le cadre de la veille écologique, le Parc national des Cévennes effectue un suivi sanitaire des populations animales. Quelques échantillons (œufs non éclos et poussins morts) ont été analysés. Des résultats ont démontré la présence, à des doses inégales selon le secteur, de polluants chimiques (PCB, organochlorés, plomb et cadmium). Aucune conclusion ne peut être faite actuellement avec ces résultats, des protocoles précis devant être mis en place. L’analyse de sept poussins révèle la présence chez tous les individus, de trois types de salmonelles et, ce, même à leur plus jeune âge. Le groupe Newport potentiellement pathogène pour l’homme, le groupe Arizonae commun aux circaètes et aux…reptiles, le dernier groupe Oudanae probablement exotique et de pathogénicité inconnue. Une étude épidémiologique étant irréalisable pour comprendre le rôle des salmonelles dans la dynamique des circaètes, nous retiendrons tout de même qu’il est fortement recommandé de se laver les mains après avoir manipulé des oiseaux. Les relevés effectués sur le plumage des adultes (couleur, répartition des taches et densité de la coloration) confirme bien qu’il existe une différence entre les mâles et les femelles (voir l’article Italien de Massimo Campora). • Jean-Pierre Malafosse Les femelles plus contrastées, Parc national des Cévennes présentent une poitrine jeanpierre.malafosse@cevennes-parcnational.fr uniformément sombre, les parties inférieures sont plus lourdement barrées que les mâles. Cette coloration est très homogène et représentative des femelles. Les mâles sont un peu plus polymorphes et certains présentent des colorations rappelant un peu les femelles. Ils sont en général beaucoup plus clairs avec la Aire dans le secteur Cévennes- photo : J-P. Malafosse La plume du circaète n°7 – LPO Mission Rapaces – Avril 2009 7 Deux exemples de régulation démographique en Haute-Loire Le circaète est l’exemple même de l’espèce concernée par la stratégie adaptative de type K dont une des caractéristiques est que la régulation démographique se trouve directement liée à la densité de la population. Pour faire simple, c’est la densité des oiseaux qui contrôle la reproduction, donc leur nombre. Bel exemple d’autorégulation bénéfique à un prédateur spécialisé qui n’a aucun intérêt à voir trop de monde autour d’une table peu fournie. Cet état de fait, toujours exemplaire dans les ouvrages de théorie d’écologie, est parfaitement observable sur le terrain. Deux cas dans la population de quinze couples suivie depuis 13 saisons dans la haute vallée de l’Allier (Haute-Loire) sont analysés. Au cours de cette période, 174 cycles de reproduction ont été suivis. La productivité moyenne de chaque site a été calculée. Il ressort qu’au sein de la population, deux sites s’avèrent peu productifs, pour des raisons différentes, bien qu’a priori d’excellente qualité. Site sud de Langeac : de l’inconvénient de posséder un site idéal trop bien placé Dans ce secteur, cinq couples sont établis sur 4,6 km2. Alors que le taux moyen de réussite de quatre d’entre eux est de 0,56 (n = 50 ; max : 0,83 – min : 0,45), le cinquième a un taux très bas (0,40). Sur le terrain, on note rapidement que les oiseaux de ce site sont continuellement dérangés par leurs voisins. En effet, ils nichent à proximité d’une excellente zone de chasse de 550 hectares. De leur(s) aire(s), ils repèrent tout circaète étranger et ne manquent pas d’aller à sa rencontre pour essayer de l’éloigner. Chacun comprendra aisément l’impact négatif qu’a cette situation sur la reproduction. Site nord de Langeac : de l’inconvénient de nicher sur une voie de passage Dans ce second secteur, cinq couples nichent sur 19 km2. Le taux moyen de reproduction de quatre sites est de 0,71 (n = 49. max : 0,91 – min : 0,46). Alors que dans le cinquième site, les oiseaux occupent un endroit particulièrement calme et n’ont aucune difficulté d’approvisionnement, le taux de réussite est remarquablement faible (0,41). Ici, ce ne sont pas des individus chassant qui perturbent les reproducteurs mais des individus de passage qui survolent le secteur de l’aire, en route pour deux très bonnes zones de chasse de 200 et 250 hectares. Monter dans l’aire (les aires) de ce site est plein d’enseignements. Outre En jaune foncé, les sites de reproduction; le magnifique panorama en jaune clair, les terrains de chasse ; et en rouge les déplacements. de vallées encaissées Sites de reproduction, voies de passage et taux de qui s’offre au regard, reproduction dans la haute vallée de l’Allier. B.Joubert on repère sans difficulté 8 La plume du circaète n°7 – LPO Mission Rapaces – Avril 2009 le moindre déplacement d’oiseaux venant des sites voisins. Qui plus est, les aires de ce site sont établies exactement au carrefour des voies qui mènent aux zones de chasse d’où les dérangements. De l’inconvénient de juger un peu trop superficiellement de la qualité d’un site L’expérience nous apprend à reconnaître ce qui est favorable pour le circaète et ce qui ne l’est pas. Sur un plan purement écologique, les deux sites précédents sont parmi les meilleurs de la région (nourriture, topographie, points de reproduction, tranquillité,etc.). L’observateur qui cherche à s’établir un référentiel site-circaète doit effectivement prendre en compte les paramètres biologiques, mais pas uniquement. Je suis moi-même tombé dans ce piège. Il convient de ne pas négliger les composantes sociales et éthologiques, lesquelles jouent un grand rôle dans les régions à fortes densités. Un excellent site écologique peut être un très mauvais site social. Seule l’observation peut nous instruire sur ce propos. • Bernard Joubert bernard.joubert0402@orange.fr Référence bibliographique Les causes éco-éthologiques des échecs sont également analysées par Bernard J. dans l’article complet paru en 2006 : « Données sur la reproduction du Circaète Jean-le-Blanc dans la haute vallée de l’Allier » (Alauda 74-1, 2006). Le PDF est disponible auprès de la LPO Mission Rapaces. Etude de la migration à Gibraltar 30 ans de suivi en Italie augmentation des effectifs a Ce résumé présente les résultats Le circaète est présent dans d’une étude sur le long terme de été observée ces deux dernières l’écologie de la population de toute la péninsule ibérique, à circaètes Jean-le-Blanc (Circaetus années. Ceci peut indiquer une gallicus) au centre de l’Italie. Ces l’exception de la côte de Galice et résultats ont été publiés in extenso augmentation de la population. dans Petretti (2008). de la corniche cantabrique. Les J’ai commencé à travailler sur Mais il est essentiel de suivre ce qui le terrain en 1972 et j’étudie la plus fortes populations se situent population de reproducteurs dans se passera les années à venir pour les Tolfa Hills et le Parc régional en Extremadura (300 couples), de la Maremma situés au centre confirmer cette hypothèse. Lors de de l’Italie depuis plus de trente Aragon (200) et Catalogne (150). ans. Je rassemble des données sur la migration prénuptiale de 2008, le choix de l’habitat, la taille de la Selon le dernier recensement population, sa distribution, son une distinction a été opérée entre alimentation, la croissance et le réalisé par Ontiveros en 2005, développement des poussins. les individus de forme claire et ceux La population de reproducteurs en l’Espagne accueille 2 772 couples Italie occupe les Alpes Occidentales, de forme sombre, en considérant la région orientale pré-alpine, les reproducteurs, soit 30 % de la Apennins en Ligurie, la Toscane, les que le pattern de coloration puisse Marches, l’Ombrie, le Latium, la population européenne et 14 % de Campanie, les Abruzzes, Molise et être lié à l’âge. Indépendamment la Calabre. Les données collectées la population mondiale. Le Détroit en Sicile et Sardaigne en période du fait que les individus clairs estivale montrent que les circaètes de Gibraltar, à l’extrême sud du y passent la saison d’été et nichent soient des juvéniles ou non, il a probablement en Sicile. Estimée continent européen, n’est séparé de à moins de 150 couples dans été observé, sur un échantillon de un passé récent, la population l’Afrique que par seulement 14 km. reproductrice semble, après étude, Cette position particulière en fait un 9 368 individus (228 clairs et 252 être beaucoup plus importante. A des plus importants sites d’étude de sombres), une différence sensible partir de données publiées et de la concernant les dates de retour densité de reproduction dans des la migration du monde. régions bien suivies, je l’évalue à vers les zones de nidification. plus de 560 couples. Le programme Migres, mis en La région que j’étudie est de loin œuvre en 1999, permet de suivre ces Les individus sombres traversent l’une des moins peuplées d’Italie majoritairement durant la première (34 habitants au km2) et se mouvements grâce au travail des caractérise par des étés chauds semaine de mars alors que le pic et secs et des automnes et hivers salariés et des bénévoles présents frais et pluvieux. La température d’arrivée des individus clairs se moyenne s’élève à 25°C en juillet sur plusieurs observatoires répartis et la quantité annuelle de pluie produit dans la dernière semaine ne dépasse pas 1 000 mm avec le long du littoral de Cadix. son plus haut niveau en automne d’avril. et son plus bas en juillet. La De 1999 à 2008, 131 716 circaètes végétation est riche et variée, bien L’évolution du déroulement que largement exploitée pour ont traversé le détroit depuis le bois et les pâturages. Elle se saisonnier, c’est à dire, les dates compose essentiellement de maquis l’Espagne vers le Maroc méditerranéen et de forêts d’arbres auxquelles se produisent les à feuilles caduques posées entre des (migration postnuptiale). Ce pâturages rocailleux. passages migratoires et la durée L’arrivée des circaètes sur les sites passage se concentre durant la de reproduction en Italie, a, en de la période migratoire, n’a pas général, lieu dans la première moitié seconde quinzaine de septembre. du mois de mars, mais la latitude sensiblement évolué depuis le début Concernant la migration du programme Migres. Une avancée prénuptiale, en 2008, 9 368 ou un retard de celui-ci pourrait observations ont été réalisées, témoigner, notamment, des effets principalement durant les premières du changement climatique. semaines de mars. Dans les deux cas, les pics ont lieu entre 9 et 11 heures (heures solaires), horaire • Beatriz Yáñez Vega Estación Biológica de Doñana qui coïncide avec la formation de la byanez@ebd.csic.es majorité des thermiques. Si nous prenons en compte en el número de culebreras contadas en Tendencias interanuales les donnéespaso postnupcial en el Estrecho de Gibraltar (1999-2008) el depuis 1999, une 25000 R2 = 0,6743 20000 15000 no ind 10000 5000 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Evolution des effectifs de circaètes en passage postnuptial à Gibraltar, de 1999 à 2008. B. Yanez-Vega La plume du circaète n°7 – LPO Mission Rapaces – Avril 2009 9 et les conditions météorologiques peuvent avoir une incidence sur cette date. Dans la zone d’étude au centre de l’Italie, tous les couples sont arrivés au 15 mars alors que dans les Alpes les premiers individus arrivent dans les dix derniers jours de ce même mois de mars. A la fin mars, la majorité des couples reproducteurs sont déjà sur leur territoire. La phénologie de la reproduction est estimée à partir des observations des tentatives de nidification lorsque les dates de ponte et d’éclosion sont connues avec précision. La période d’incubation est de 46 (± 1 jour) et cette durée est considérée identique pour toutes les tentatives de nidification. La date moyenne de ponte se situe le 7 avril (31 mars/16 avril) et la date moyenne d’éclosion est le 23 mai (15 mai/1er juin). Les dates d’envol sont calculées en fonction du premier vol constaté du jeune et s’étale entre le 17 juillet et le 17 août (la moyenne étant le 27 juillet). Dans la région étudiée, j’ai enregistré une densité moyenne de 48,6 km2/couple, soit une moyenne de 25,9 km2 de terrain découvert par couple. Les distances entre nids étaient comprises entre 2,4 à 6,3 km en 1980 et 2,4 à 6,4 km en 1981 (moyenne 4,4 km). La distance la plus courte entre deux nids actifs était de 1,2 km. Les couples construisent un nouveau nid tous les ans. La distance moyenne entre les arbres porteurs sur le même site de reproduction (n=20) était en 1980 et 1981 de 327,8 m, allant de 150 à 450 m (+97.18). La taille moyenne des œufs était de 77,7 mm x 61,2 mm et leur poids de 144 grammes au début de l’incubation. Le régime alimentaire du circaète a été déduit à partir de proies fraîchement tuées, trouvées au nid et par des observations directes des nids depuis un affût. Des pelotes ont été collectées et analysées pour y trouver des proies diverses (par exemple, lézards, crapauds, mammifères, oiseaux) afin d’éliminer tout risque de confusion avec des serpents. Des serpents fraîchement tués ont été mesurés 10 La plume du circaète n°7 – et pesés avec des balances «pesola» alors que la taille de ceux donnés aux poussins a été estimée grâce à des photos prises pendant le nourrissage et projetées par la suite grandeur nature. Les serpents ont été classés en quatre groupes selon leur taille. La plupart des serpents mesuraient entre 60 et 100 cm. La longueur des serpents donnés aux poussins a été évaluée à partir de photos et leur biomasse calculée à partir des équations Y = 1,60 X et Y°= 1,56 X – 28,77 (Y étant le poids en grammes et X la longueur en cm), ce qui résulte de la corrélation positive (p inférieur à 0,01) entre la longueur du corps et le poids des colubridés basés sur des spécimens de serpents collectés et mesurés dans la région étudiée entre avril et juillet. Les résultats (560 proies ont été identifiées dans les Tolfa Hills et 100 dans le Parc de la Maremma) proviennent de l’analyse de plusieurs dizaines de nichées entre 1980 et 2007. Le circaète se nourrit de 16 espèces de vertébrés. Les serpents représentent 82,3 % du nombre total de proies et probablement un pourcentage encore plus important de la biomasse totale. Des proies telles que mammifères, crapauds, lézards et oiseaux ne constituent qu’une petite partie de leur alimentation. Les couleuvres verte et jaune (Hierophis viridiflavus) sont les proies préférées des circaètes suivies de près par les couleuvres à collier (Natrix natrix) et autres colubridés. • Francesco Petretti okapia.studium@virgilio.it LPO Mission Rapaces Analyse bibliographique L’Aquila dei Serpenti Petretti F., 2008. Pandion Edizioni, Rome 272 p. (25euros) On avait en français de très bonnes études sur le circaète Jean-le- Blanc par Y. Boudoint et plus récemment B. Joubert mais pas d’autres recherches à long terme sur une population de cette espèce. C’est chose faite avec ce livre qui résume 35 ans de suivi d’une population nicheuse de Toscane (Italie centrale) par F. Petretti. Disons tout de suite que le fait qu’il soit en italien n’est pas gênant en raison des similitudes avec le français, des figures et tableaux très parlants, de l’emploi systématique des noms latins pour les proies et surtout des longs résumés anglais qui terminent tous les chapitres. L’étude très complète couvre tous les aspects de la biologie et de l’écologie du circaète dans la région en question, y compris une analyse très détaillée des milieux, des proies disponibles, de la communauté des autres prédateurs et des facteurs qui influencent la densité et la reproduction de l’espèce. C’est donc une mine d’informations précises, originales, rigoureuses et chiffrées sur un rapace très peu étudié par ailleurs, le tout présenté de façon claire. Les chapitres sur les routes de migration et les zones d’hivernage font appel aux données issues de plusieurs pays méditerranéens. Les menaces et la conservation ne sont pas oubliées. Tous les amateurs de rapaces y trouveront leur intérêt Les lacs de St-Namphaise Vie sauvage des lacs de St-Namphaise Documentaire de 26 min- Réalisation : Myriam et Thierry Gabet. Production : Association Images et patrimoines et Parc naturel régional des Causses du Quercy – 2003 Les « lacs de Saint-Namphaise » sont des mares taillées dans la dalle calcaire qui affleure sur les causses du Quercy. Le territoire du Parc naturel régional des Causses du Quercy en compte plusieurs centaines. Sur les causses où l’eau de surface est rare, ces mares rocheuses étaient indispensables à la vie du bétail et des hommes. Les rapports entre la pierre et l’eau sont à l’origine de paysages contrastés dans ces régions de causses. Grâce à l’intervention de l’homme, les mares rocheuses associent ces deux éléments pour le plus grand bonheur de la faune sauvage, des moutons, des éleveurs et des naturalistes. La légende attribue ces « lacs » à Saint-Namphaise, un officier de Charlemagne, qui touché par la foi, serait devenu ermite et aurait creusé ces mares pour améliorer la vie des bergers et habitants. Les lacs de Saint-Namphaise sont devenus essentiels pour la faune sauvage des causses. Les petits mammifères et les oiseaux viennent y boire, s’y baigner et s’y nourrir. De nombreuses espèces, de batraciens et de libellules pour les plus emblématiques, s’y reproduisent. La petite faune y est aussi considérable : plus de 200 espèces d’invertébrés y ont été recensées. De dimensions très variables, ces mares sont généralement de forme rectangulaire et alimentées par les eaux de ruissellements des pluies. Moins utilisées par les troupeaux qu’autrefois, et surtout délaissées par la déprise rurale, ces petits oasis s’envasent, et sont progressivement recouvertes par la végétation qui y trouve elle aussi des conditions plus favorables. Le Parc naturel régional des Causses du Quercy se mobilise pour la restauration, l’entretien et la valorisation de ce petit patrimoine, témoignage ancestral de l’agriculture pastorale caussenarde et garant de la richesse naturelle. Commandée par le Parc, ce documentaire, réalisé par Myriam et Thierry Gabet, cinéastes animaliers lotois, est une intrusion dans l’intimité des mares du causse : bruant zizi, épervier, busard Saint- Martin, pinsons…se succèdent sur leurs berges. Sous l’eau, larves de libellules, dytiques, nèpes, tritons et salamandres accomplissent leur stade larvaire… Primé au festival international du film animalier de Ménigoute, Vie sauvage des lacs de St-Namphaise est un hommage à la beauté de ce pays, où la main de l’homme et celle de la nature ne se distinguent plus. Jean-le-Blanc au pays des sorcières Le titre de ce film a été donné par Yves Boudoint, le nid ayant été construit sur un « balai de sorcière ». Ce film a été tourné en Gironde, l’été de la canicule (2003). Le nid situé dans une petite clairière au sein d’un vaste boisement de pins maritimes (env. 40 ans) était très favorable car seulement à neuf mètres de hauteur, ce qui est très rare en Gironde. J’ai construit un affût au sol fait de branchages et fougères mêlés, dans un pin tombé. Ne voulant pas déranger, j’ai choisi de filmer alors que le jeune était déjà volant. Nous avions en effet remarqué que le jeune circaète revenait toujours au nid pour se faire nourrir. Les scènes ont été filmées entre le 19 août et le 26 septembre au cours de 12 séances en affût de 3 à 6 heures (soit 70 heures). • Françoise Gérardin francoisegerardin@free.fr Pour en savoir plus : – le site de l’association Images et Patrimoines : http:// imagesetpatrimoines.chez-alice.fr/ – le site de Frédéric Gillot et Thierry Gabet (photographie animalière) : http://www.instantsnature.net/ – le site du PNR des Causses du Quercy : http://www.parc-causses- du-quercy.fr/ – Pour se procurer le dvd, contacter le PNR des Causses du Quercy : contact@parc-causses-du-quercy. org Une émission radio La LPO Mission Rapaces tient ADAGEnvironnement (Action particulièrement à remercier durable par l’aménagement et la Thierry Gabet pour son gestion de l’environnement) est implication dans l’organisation une association loi 1901 d’aide de cette rencontre. Son aide, son aux personnes et aux associations matériel et ses connaissances par des chantiers et autres activités techniques, ont été essentiels pour dans les domaines de la gestion la projection des communications de milieux. ADAGEnvironnement et les films. Sa disponibilité et ses réalise aussi une émission radio et connaissances naturalistes ont une soirée mensuelle sur la nature également été indispensables pour et l’environnement (Décibel Fm les sorties de terrain et l’animation Quercy). Parmi les questions déjà de la soirée grand-public. traitées : histoire de l’ornithologie, vautours des Baronnies, pesticides, agronomie en Afrique, etc. Suite à la rencontre circaète de Nadaillac à laquelle nous avons participé, une émission est en préparation « le circaète, un rapace à découvrir ». Cette émission de 15 minutes environ est un reportage s’appuyant sur l’enregistrement d’un des intervenants. Elle sera diffusée au mois de mai. Le format MP3 de cette émission sera disponible auprès de la LPO Mission Rapaces. La grande majorité des conférences et débats ont par ailleurs été enregistrés et seront transmis à la LPO. • LPO Mission Rapaces • Florian Marco • Thierry Gabet Images et patrimoines t.gabet@orange.fr ADAGEnvironnement adagenvironnement@laposte.net La plume du circaète n°7 – LPO Mission Rapaces – Avril 2009 11 La cuvée Jean-le-Blanc, un autre grand blanc sur les causses du Lot Les participants à la rencontre circaète ont pu déguster une cuvée « Jean-Le-blanc », vin blanc des pays du Lot. Les viticulteurs, à qui nous adressons nos plus vifs remerciements pour cet apéritif, et leur démarche, témoignent : Mars, c’est le moment de la taille de la vigne, et du travail dans les rangs. A Matèle (nom de notre domaine et de la parcelle), tout le travail se fait à la main ; surpris par l’envergure d’un rapace et par ses appels aigus, notre attention a vite été attiré par le couple de circaète Jean-le-Blanc de La Rauze (la vallée proche). A ce moment là, le couple était dérangé par la construction d’un viaduc et recherchait un autre site de nidification. Le nom de notre cuvée «Jean-Le- Blanc» s’est tout de suite imposé. La majorité de nos clients nous interrogent sur la raison d’un rapace sur l’étiquette, et l’histoire les séduit car, depuis, nous nous sommes documentés sur le circaète (parutions de la LPO). Pour nous, cette rencontre en a produite d’autres, car un soir sur la route non loin du domaine, nous avons fait la connaissance de Nicolas Savine, ornithologue en charge de l’observation du circaète pour les Autoroutes du Sud de la France. Un problème mécanique l’avait stoppé près de chez moi. Lorsqu’il m’a dit être ornithologue, j’ai tout de suite abordé le sujet du circaète. Il fut étonné car peu de mes voisins connaissaient le circaète qualifié alors de buse…Nicolas cherchait ce couple « sans domicile fixe ». Nicolas a joué un grand rôle, car il nous a beaucoup informé ; nous avons partagé des ouvrages, des photos, des films, et enfin une amitié. C’est pour cela aussi que nous avons participé à la rencontre circaète de Nadaillac. Amoureux de notre « Pays », de la faune et de la flore qui nous entourent, nous sommes aujourd’hui en reconversion BIO. Mais sans le label, nous produisions déjà de façon raisonnable : sans pesticide, fongicide, ni désherbant. C’est sûrement pour cela que le circaète a toléré notre présence : nous respections sa nourriture composée de reptiles très sensibles aux produits phytosanitaires. Pour nous le label ne peut être que porteur de reconnaissance parmi les clients pour lesquels ce label est crucial lors de leurs achats. Producteurs au coeur du Parc naturel régional des Causses du Quercy, nous produisons trois cuvées, un rouge « le chêne truffier », un rosé « Orchydée anacamptis pyramidalis », et deux blancs « circaète Jean Le Blanc » et enfin un pour lequel nous recherchons encore un nom… La cuvée «Jean-Le-Blanc» est et sera toujours une micro cuvée, celle à qui nous donnerons le plus de soin. Les participants aux 2e rencontres circaète Cuvée Jean-Le-Blanc, Vin blanc des pays du Lot. Cuvée 50 % chardonnay et 50 % vionnier tirée à 2 200 bouteilles. Vin blanc puissant, élevé sur lies fines en barrique neuve pendant 12 mois. Robe dorée, puissant au nez et très long en bouche. Palmarès : 2005 : médaille d’Or à Paris au concours général Agricole 2007 : médaille de Bronze à Paris 2008 : Feuille de Vigne mars 2008 Pour déguster cette cuvée spéciale : http://www.memeduquercy.com/ boutique/liste_rayons.cfm • Yann Janicot Viticulteur janicot@wanadoo.fr Ces secondes rencontres du réseau circaète ont pu être organisées à Nadaillac-de-Rouge grâce au dynamisme de Nicolas Savine, et grâce à la bienveillance de la Mairie de Nadaillac qui a gracieusement mis à disposition la salle municipale. Merci de tout cœur à Mr le Maire, Francis Chastrusse, qui a par ailleurs tenu à l’organisation d’une soirée d’information pour les habitants de la commune, contribuant ainsi à notre objectif de communication. • LPO Mission Rapaces La plume du circaète Bulletin réalisé et édité par la Mission Rapaces de la LPO Conception et réalisation : LPO mission rapaces Bernard Joubert – Renaud Nadal – Yvan Tariel Tel : 01 53 58 58 38 – Fax : 01 53 58 58 39 62 rue Bargue, 75015 Paris rapaces@lpo.fr: Relecture : Danièle Monier, Bernard Joubert et Jean-Pierre Malafosse Photo de couverture : Bruno Berthémy. Création / composition : la tomate bleue

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